Des citoyens s'opposent à la nouvelle délimitation du périmètre urbain qui intégrerait des terres agricoles. Les enquêtes publiques concernant les PDAU (Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme) intercommunal de M'chedallah, d'Ahnif et d'Ath Mansour, vont s'ouvrir dans les prochains jours. Cependant, les premières contestations commencent à se manifester. À Ahnif, les agriculteurs, propriétaires et autres citoyens, s'organisent d'ores et déjà pour s'opposer à la nouvelle délimitation du périmètre urbain où des terres agricoles et des terrains leur appartenant sont intégrés.Le PDAU est un instrument de planification et de gestion urbaine, qui définit en clair, la carte de la ville et son évolution à long terme, en délimitant les zones à urbaniser dans les 20 années à venir. Une fois adopté, il acquiert la force de loi et devient imposable aux tiers. Théoriquement, l'élaboration d'un PDAU est menée par des techniciens (Bureau d'Etudes en charge, services techniques, organismes publics), mais elle doit inclure aussi des citoyens à travers leurs associations. Comme le stipule la loi, celles-ci doivent être consultées, si elles veulent participer. Entamé en 2005, la révision du PDAU intercommunal est arrivée en phase finale. Il ne restait plus aux APC concernées que d'ouvrir des registres aux citoyens pour recueillir leurs avis et observations en vue d'en faire une synthèse que le plan devrait prendre en compte. Néanmoins, comme c'était le cas par deux fois en 1986 et en 1996, les fellahs et citoyens de la commune d'Ahnif saisissent les autorités à travers une pétition qui a réuni plus d'une centaine de signatures. Les deux premières «tentatives» n'avaient pas abouti, certes, mais cette fois-ci le nouveau PDAU semble vouloir ignorer l'opposition des contestataires en prévoyant une extension du plan vers l'est, en longeant la RN 5 et en incluant des terrains appartenant à des privés, ainsi que des terres agricoles qui ont bénéficié du soutien de programmes de l'Etat à l'agriculture. D'un autre coté, dans les terrains acquis ces derniers temps par l'APC (7 hectares), il est déjà lancé des projets d'utilité publique, dont un programme de 130 logements et d'autres équipements, mais qui ne figurent pas dans le PDAU. La logique voudrait que l'extension naturelle de la ville devrait se faire vers le sud où les terres sont de moindre valeur agricole. À M'chedallah, deux variantes du PDAU ont été présentées ; l'une qui prévoit l'extension vers le nord, sur des terrains accidentés et argileux, et l'autre, vers le sud, qui va essentiellement se réaliser sur des terres fortement agricoles. Cette deuxième variante va sûrement induire l'opposition ferme des services agricoles. Ces dernières années, l'agriculture perd continuellement des terres à cause de l'extension de la ville, notamment aux abords de la RN 30. De plus en plus, les routes sont transformées, dans cette région à vocation agricole, en véritables boulevards qui rognent chaque jour sur des parcelles entières de terres fertiles de l'agriculture. Cette solution de facilité finira par coûter très cher au secteur de l'agriculture. Rechignant à construire des villes sur des collines et des coteaux, comme cela se fait ailleurs, les urbanistes font courir un grand danger aux citoyens, sachant que ces terres sont, par définition, inondables, donc inconstructibles.