Le parti au pouvoir s'est voulu rassurant sur l'issue de l'intervention chirurgicale subie par son chef, Sonia Gandhi. Opérée dans une clinique américaine privée spécialisée dans le traitement des tumeurs malignes, la personnalité politique la plus influente en Inde a préféré entourer sa maladie de la plus grande discrétion. New Delhi De notre correspondante Agée de 64 ans, leader de la coalition au pouvoir, elle jouit d'une estime et d'une autorité sans égales au sein de la plus grande démocratie au monde. D'origine italienne, cette grande brune réservée a dû se jeter en politique, malgré elle, après l'assassinat de son mari. Rajiv Gandhi, fils de Indira Gandhi, était Premier ministre lorsqu'il a été tué, en 1991, lors d'un attentat terroriste commis par des rebelles tamouls au sud de l'Inde.Les enfants du couple le plus glamour de l'Inde des années quatre-vingt étaient alors trop petits pour succéder à leur père, ce qui poussa les sages du parti du Congrès à former dans l'urgence «la veuve étrangère» afin de sauver la dynastie des Gandhi de la disparition. Cette dernière, qui avait renoncé à sa nationalité italienne, a réussi à créer un consensus autour de sa personne, malgré ses détracteurs qui l'avaient surnommée ironiquement la «poupée étrangère» ou «roi de Rome». Sonia, issue d'une famille modeste de la région italienne de la Vénétie, a pu ainsi devenir leader du parti le plus puissant d'Inde, le Congrès. Parlant couramment le hindi et se refusant à parler en italien en public, elle fit tout pour faire oublier ses origines étrangères afin de ne pas fragiliser son parti, ce qui lui a valu d'être élue quatre fois à la tête du parti depuis 1998. En 2009, après sa victoire électorale, elle s'est abstenue d'occuper le poste de Premier ministre afin de ne pas susciter les critiques des nationalistes hindous. Avant de se rendre à New York où elle a été opérée jeudi, Sonia Gandhi a nommé un comité de quatre membres, dont son fils Rahul, pour gérer les affaires courantes du parti. Sa convalescence devrait durer deux à trois semaines, ce qui inquiète un peu ses compagnons du parti. Car la vie politique indienne est secouée par une série de scandales de corruption qui ont éclaboussé aussi bien le gouvernement de gauche que l'opposition de droite. Le vieux Premier ministre, Manmohan Singh, devra affronter une protestation croissante de l'opinion publique, qui commence à demander des comptes à ses dirigeants. Mais, les Indiens savent désormais qu'un jour le jeune Rahul, fils de Rajiv et de Sonia, présidera aux destinées du parti du Congrès. Ces dernières années, il n'a cessé de sillonner les zones rurales de son pays pour mener campagne au profit du Congrès. Nommé secrétaire général du parti, il passe désormais pour le candidat de choix au poste de Premier ministre si, aux prochaines élections électorales, le Congrès venait à confirmer son leadership politique. En attendant, Rahul s'est envolé pour les USA au chevet de sa mère, à peine opérée et qui se trouve encore au service de soins intensifs de la clinique new-yorkaise. Le parti de Sonia a demandé aux Indiens de «respecter sa vie privée», sans doute pour couper court aux spéculations sur la nature de l'intervention et l'état de santé réel de son chef de file.