Le président Abdelaziz Bouteflika a réitéré, dans un message adressé avant-hier au peuple algérien à l'issue de la signature de la loi de finances 2006, son engagement à poursuivre les chantiers des réformes des structures de l'Etat, de la justice et du système éducatif. Un message donnant toutes les allures d'une feuille de route qui sera suivie à la lettre. Le ton énergique du message, répercuté par la télévision et l'agence de presse APS, laisse entendre que le premier magistrat du pays mettra tout son poids pour atteindre les objectifs qu'il s'est assignés. Le chef de l'Etat a préféré, cette fois, recourir au terme « rationalité » en déclarant s'engager « de nouveau à poursuivre », grâce au soutien des citoyens et des institutions, ses efforts en vue de « conférer davantage de rationalité à l'Etat ». Si ce terme véhicule une connotation économique, il est fort à parier que de nouvelles méthodes seront imprégnées à la gestion des dépenses de l'Etat. En effet, Abdelaziz Bouteflika a toujours plaidé pour la réforme du système bancaire, l'encouragement de l'investissement étranger et s'est aussi montré en faveur d'une gestion transparente et rigoureuse des dépenses de l'Etat. Une revendication somme toute légitime, mais aussi urgente, lorsqu'on sait que 55 milliards de dollars sont injectés dans le Programme de soutien à la relance économique (PSRE) 2005/2009. Il a annoncé, en outre, son engagement pour la réforme des structures de l'Etat « de manière à imposer la force de la loi ». Ce message peut se lire aussi comme un rappel de son programme présidentiel qui, depuis la campagne électorale jusqu'à son investiture en passant par ses différents discours, n'a pas caché sa forte volonté de moderniser les structures de l'Etat. Une modernisation qui passe par un combat impitoyable contre la bureaucratie et la corruption. Il a toujours promis de mettre l'administration au service du citoyen. Les codes de wilaya et communal sont élaborés en attendant qu'ils entrent en vigueur et de savoir leur efficacité sur le terrain. Mais beaucoup reste à faire pour arrimer l'administration aux principes de la bonne gouvernance à cause de la résistance des vieux réflexes. C'est un combat de longue haleine. Le président Bouteflika a réaffirmé, également, son engagement à réformer la justice. Déjà, le 20 novembre 2005, à l'ouverture de l'année judiciaire, il avait répertorié les acquis, les contraintes et les défis de la justice. Le banditisme et la corruption sont catalogués comme fléaux graves. « Il s'agit de faire de la loi un instrument consacrant la justice et bannissant les iniquités et non une source de complainte et de préjudice aux intérêts des justiciables », avait-il souligné. Au chapitre des contraintes, il avait cité les difficultés rencontrées en matière d'application des décisions de justice. Sur ce volet aussi, il y a du pain sur la planche, notamment en matière de droits de l'homme et de liberté d'expression. Poursuivant son message, Abdelaziz Bouteflika revient sur la réforme du système éducatif. Quatre mois après son élection le 8 avril 2004, il a, lors des portes ouvertes sur l'enseignement supérieur le 26 juillet, fait montre de son irritation devant la lenteur du rythme de la réforme du système éducatif. Les enseignants, eux aussi, ont été mis devant le fait accompli. Le secteur de l'éducation demeure en ébullition à cause des mouvements de grève qui commencent à s'inscrire dans la durée. Soit autant d'éléments ayant probablement amené le chef de l'Etat à décider de donner quelques tours de vis et, surtout, à revoir son plan de bataille.