Ils fleurissent en mars, lors de la proclamation du palmarès du Festival du film asiatique de Deauville (ouest France). Les Lotus, trophées de renommée et oscars locaux, annoncent non pas un printemps cette année, mais 10. Un anniversaire bien particulier qui mettra à l'honneur le Japon, la Chine populaire et la Corée. Pour cet événement, les organisateurs voient grand : « 5 jours, 5 hommages, plus de 50 films, l'Asie du talent est à Deauville pour des myriades d'écrans, de voûtes étoilées et de parchemins d'âmes habitées de 1000 rêves, de 10 000 princesses et de 100 000 royaumes au bord de l'eau. » Le slogan à lui seul donne envie d'y être. Mais pour l'instant, on a juste de quoi rêver. Et pour cause, les anciens seront en vedette, à juste titre. Au Japon, le premier film a été tourné en 1896, en Chine en 1905 et en Corée en 1919, ce qui en fait des pays incontournables dans le paysage cinématographique mondial. Concernant la Corée, le Festival a choisi de rendre hommage au cinéaste Im Kwon taek. Agé de 71 ans, il a réalisé 100 films. Le dernier, Beyond the years (2007), raconte la fuite d'un adolescent face aux exigences d'un beau-père artiste. Le film sera présenté lors de la cérémonie d'ouverture de cet événement. Pour le Japon, l'hommage sera rendu à Joe Hisaishi, compositeur de musique d'une quarantaine de longs métrages. Il est le favori des cinéastes Takeshi Kitano et Hayao Miyazaki. Quant à la Chine, deux hommages seront rendus à ses artistes. D'abord au jeune réalisateur Jia Zhang ke, l'un des plus importants de « la 6e génération » des cinéastes chinois et ensuite au comédien, scénariste et réalisateur Jiang Wen, surnommé par certains le « Marlon Brando chinois ». Onze films sont en compétition pour le Lotus du meilleur film et pour le Lotus du jury dans la catégorie des longs métrages. Parmi eux : Exodus de Pang Ho-cheung (Hong Kong), Ploy de Pen-ek Ratanaruang (Thaïlande) et Keeping Watch de Fen Fen cheng (Taïwan). Au total, on compte deux films chinois, deux thaïlandais, deux de Corée du Sud et un pour la Malaisie, Hong Kong, Singapour, Taïwan et le Japon. Le jury de cette catégorie est présidé par le cinéaste français Patrice Chéreau. Dans la catégorie Action Asia, cinq films sont en compétition, avec un jury présidé par le réalisateur et scénariste Jan Kounen. Quant à la catégorie Panorama, onze films y sont également programmés, dont le documentaire Useless de Jia Zhang-ke (Chine), le film d'animation pour enfants Porco Rosso de Miyazaki Hayao (Japon) et Blood brothers de Alexi Tan (Taïwan, Chine et Hong Kong). En parallèle, au Village Asia, 3000 m² sont dédiés aux thématiques « L'art et la culture », « La gastronomie asiatique », « La santé et le bien-être » et « L'économie et la formation » ainsi que des expositions et des animations phares. L'année dernière, le grand Prix a été décerné à Syndromes and a century de Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande), le prix du jury à King and the clown de Lee Jun-ik (Corée du Sud) et le Grand Prix Action Asia à Dog bite dog de Soi cheang (Hong Kong). Le cinéma asiatique — en dehors du cinéma japonais — a longtemps été célèbre par sa capacité spectaculaire à mettre en scène les arts martiaux dans des combats manichéistes, a pris une toute autre tournure depuis quelques années. L'Asie du sud-est surprend de plus en plus le monde par des films de grande qualité. Le Festival asiatique de Deauville a été créé justement, à cette période et avec des objectifs particuliers : mettre en vedette ce cinéma émergent et tous les jeunes réalisateurs d'origine asiatique, de plus en plus talentueux.