Performance n La Chine a fait une démonstration de puissance et d'esthétisme hier lors de la cérémonie d'ouverture des 26es jeux Olympiques. Le cinéaste chinois Zhang Yimou est le maître d'œuvre du spectacle d'ouverture des JO vendredi à Pékin. Retraçant la longue histoire de la Chine, ce grand spectacle d'une cinquantaine de minutes est futuriste, avec d'immenses blocs blancs en mouvement, imitant une vague, et des projections de lumière sous forme d'animaux sur les bords du Stade national, surnommé le Nid d'oiseau. Au centre du stade, un immense rouleau de calligraphie est déployé, sur lequel évoluent les danseurs. Il y a également un immense globe, ainsi que des centaines de figurants agitant des drapeaux rouges, d'autres frappant des tambours. Zhang Yimou est connu pour ses épopées patriotiques et projets de grande ampleur qui figureront largement au programme avec plus de 10 000 figurants. Agé de 46 ans, Zhang Yimou, à l'image de son pays, a connu une histoire difficile. Fils d'un officier du Kuomintang qui lutta contre l'Armée Rouge pendant la guerre civile, il a dû interrompre ses études à l'âge de 16 ans lors de la Révolution Culturelle lorsqu'il fut envoyé pour «rééducation» à la campagne où il passa trois ans dans une ferme et sept ans dans un atelier de tissage du nord du pays. Ayant découvert la photographie, il parvint avec difficulté à s'inscrire à l'Ecole de cinéma de Pékin à l'âge de 27 ans. C'est en 1984 qu'il connut son premier succès aux côtés de Chen Kaige avec Terre jaune, racontant la difficile vie des paysans du nord de la Chine. Considéré comme un des chefs de file de la cinquième génération de cinéastes de l'après-guerre, l'équivalent de la «Nouvelle vague», il réalise Sorgho rouge, une histoire d'amour avec pour arrière-plan l'invasion japonaise du pays dans les années 1930, et remporte l'Ours d'or au Festival de Berlin en 1998, ce qui le rend internationalement connu. Le film marque aussi le succès en tant qu'actrice de sa compagne de l'époque Gong Li. Auteur de Epouses et Concubines en 1991, il se heurte néanmoins à la censure qui voit dans l'histoire d'une concubine emprisonnée dans un huis clos familial une critique feutrée du régime. Son film Vivre (Grand Prix du jury au Festival de Cannes 1994) passe également plusieurs années dans les placards des censeurs. Zhang Yimou refuse toutefois toute idée de quitter son pays pour travailler à l'étranger. «Je ne peux pas envisager d'être séparé du pays dans lequel j'ai grandi», affirme-t-il dans une interview. «Je ne comprends pas le public étranger, et je ne parle même pas anglais», ajoute-t-il. Après avoir célébré l'individu, il passe aux projets de grande ampleur et s'attaque en 2003 aux films de sabre traditionnel avec Hero, l'histoire du premier empereur de Chine, avant de réaliser La Cité interdite, le plus important budget du cinéma chinois.