La libéralisation du secteur du transport au privé, il y a une vingtaine d'années, a permis de booster le parc de véhicules dans les zones urbaines et suburbaines pour le bien des usagers qui étaient, rappelons le, à la merci du monopole de l'Etusa, devenue peu performante avant qu'elle ne se redéploie à la faveur d'un nouveau plan de développement. Mais au fil des années, le citoyen lambda s'est aperçu de la médiocre qualité de service et de l'absence de réglementation en matière de respect des horaires, surtout au niveau de la capitale, qui connaît un grand déficit durant le mois de Ramadhan, ce qui met à mal les citoyens qui restent à la merci du transport privé. Combien de fois, n'a-t-on pas entendu les autorités annoncer leur intention de mettre de l'ordre dans le secteur des transports qui souffre d'un mal profond ? Dernièrement, le président de l'Union nationale des transporteurs privés est monté au créneau pour appeler à une révision des lois régissant cette profession, précisant dans la foulée que «cette anarchie est due à l'absence d'organisation et de concertation entre les parties concernées». Il a également préconisé la restauration du travail posté en vue de garantir un service ordinaire durant le mois de Ramadhan et la révision de la gestion des stations de transport des voyageurs, affirmant que «les entreprises privées ont montré leurs limites». Après la prière du ‘Asr, les usagers ont du mal à regagner leurs pénates et ils doivent leur «salut» qu'au moyen de transport clandestin qui ne manque pas de les «saigner». Bien qu'une commission de sanctions administratives siège chaque semaine au niveau de la direction pour examiner les plaintes adressées aux services de sûreté et verbaliser les transporteurs qui commettent des infractions, la faoudha a toujours pignon sur rue. Le seul souci des exploitants privés est de ramasser le pactole en fin de journée.Libre à eux de faire les pitres lors des rotations, de s'arrêter là où bon leur semble, invitant les passagers à prendre leur mal en patience, charger et décharger en dehors des haltes facultatives, griller des arrêts, appuyer sur le champignon en jouant au chassé-croisé avec le bus rival dans une descente, bonder un véhicule jusqu'à le transformer en un étouffoir, humilier, voire injurier, les usagers, qui, parfois, sont sommés de descendre là où décident le chauffeur et son binôme. Alors que le chauffeur manœuvre son carrosse, les écouteurs de son lecteur MP3 collés aux oreilles, le receveur s'affaire, quant à lui, à vociférer contre les usagers pour «avancer en arrière ou reculer en avant». Toujours en infraction, il ne donne l'alerte à son binôme qu'à l'approche d'un barrage de police devant lequel il se fait tout petit.