Où est El Gueddafi ? A-t-il quitté la Libye avant la chute de la capitale, Tripoli, contrôlée dimanche soir, sans bain de sang, par les rebelles ? Résiste-t-il encore dans son bunker de Bab El Azizia ? Ces questions reviennent sur toutes les lèvres depuis dimanche soir. En effet, si le sort du régime libyen est définitivement scellé depuis l'accession des rebelles à la place Verte, au cœur de Tripoli, celui de l'homme qui l'a érigé, 42 ans durant, reste énigmatique. Personne n'était en mesure de le localiser durant toute la journée d'hier. Même les leaders du Conseil de transition (CNT) ont été incapables de donner une information précise sur le lieu où se cache le tyran. Cela a donné suite à de folles rumeurs. On a parlé, dans un premier temps, d'une fuite d'El Gueddafi vers l'Afrique du Sud qui s'est proposé pour l'accueillir par le passé. Faux ! Les autorités sud-africaines ont vite démenti l'information, en affirmant que «l'envoi des avions sud-africains à Tripoli n'avait pas pour objectif de faciliter la fuite d'El Gueddafi». Selon le gouvernement sud-africain, les appareils aperçus, dimanche soir à l'aéroport de Tripoli, ont été dépêchés pour récupérer les ressortissants sud-africains sur place. Outre l'Afrique du Sud, les rumeurs évoquent également la fuite du dictateur en Algérie. Là aussi, la chaîne satellitaire Al Arabia avait diffusé, très tôt dans la matinée d'hier, un message urgent affirmant que «le ministère algérien des Affaires étrangères dément l'information selon laquelle El Gueddafi s'est réfugié en Algérie». Toutefois, aucun communiqué officiel n'a été rendu public, hier, par le ministère des AE. Hier après-midi, selon le Pentagone, Mouammar El Gueddafi serait toujours en Libye. «Nous pensons qu'il est toujours dans le pays. Nous n'avons pas d'information selon laquelle il aurait quitté le pays», indique le porte-parole du Pentagone, David Lapan, dans une déclaration reprise par les agences de presse. En tout cas, son avenir – ou plutôt sa fin– sera défini dans les prochaines heures. Il n'a pas plusieurs choix : soit il se rend, soit il sera tué ou bien il fuira le pays. Dans tous les cas de figure, la fin de son règne, comme celle de tous les tyrans dans le monde, n'est pas du tout glorieuse. Après 42 ans de règne sans partage, l'homme de 69 ans sera broyé par l'histoire qui avance à grandes enjambées. Avant cela, il a quand même tenté un dernier baroud dimanche dernier en appelant, croyant toujours qu'il est aimé par son peuple, ses partisans à la résistance. «Nous ne nous rendrons jamais», avait-il lancé dans un message à la télévision. Mais il aura certainement compris, après la liesse populaire de dimanche soir à Tripoli, que comme la gloire, les honneurs ou la célébrité, la déchéance est également trop proche. «La roche Tarpéienne est près du Capitole».