Il y a une quinzaine d'années, le parti Baâth syrien orienta «les créateurs» locaux ou autochtones vers la recherche historique dans tous les arts. Ce n'était, en fait, qu'une ruse politique de la famille Al Assad et ses sbires «alaouites !» Les écrivains publièrent des romans historiques. Les cinéastes produisirent des films et des feuilletons sur l'histoire des Arabes, des Syriens et autres musulmans. Même les peintres et les dramaturges – ces derniers étaient, à l'exemple de Mohamed El Maghout et Saâdallah Wenous, les «plus dangeureux» pour le régime baâthiste – s'y mirent et tombèrent dans le piège de «l'histoire» (avec un petit «h» !) En dix ans, la Syrie est devenue le premier pays arabe producteur de feuilletons télévisuels. En effet, l'année 2006 a été une année noire pour le cinéma égyptien, leader du cinéma arabe, l'Egypte – qui a diffusé son premier film avant même la France des «Frères Lumière » – s'est trouvée complètement «dépassée» par la «Syrie des feuilletons !» Voulant rattrapper le lièvre», les Egyptiens s'y mirent eux-mêmes dans «la production de l'histoire» (cette expression n'est pas une métaphore ! On produisait bien une «histoire» différente de «la véritable Histoire» avec un grand H). Des romans, des films, des feuilletons et autres pièces de théâtre «historiques» furent publiés ou diffusés. Des prix spéciaux ont été créés pour récompenser «ces créateurs de l'histoire». Egyptiens et Syriens se «concurrençaient à mort» pour obtenir les sponsorings des riches hommes d'affaires du Golfe. Finalement, les Egyptiens levèrent le drapeau blanc ! C'était compter sans ces diables de Phéniciens du cham ! La Syrie gagnait tous les marchés arabes de l'audiovisuel. Une appellation qui sonnait étrangement a vu, depuis six ou sept ans, le jour en Syrie, puis a conquis progressivement le monde de la critique cinématographique et celui du «spectacle» ou de la dramaturgie : cette appellation ou expression, si vous voulez, est «le drame syrien» ! En effet, tout le monde disait, ces dernières années, «edrama essouria»! «Edrama» ou le drame, va, à partir de mars 2011, sonner le glas du régime baâtho-alaouite ! En effet, des romanciers opposants - intelligents (!) vont, tout en publiant des romans d'histoire, dévoiler le véritable visage de la terreur baâtho-alaouite ! Ainsi, Nabil Souleïman, qui avait publié une épopée «historique» de quelque deux mille pages (quatre gros tomes), va présenter, pendant six ans (le temps qu'a duré la publication de son gros roman), une étrange famille de «traîtres» qui aida tous les envahisseurs de la «Syrie historique» ou «Cham» ! Beaucoup de critiques littéraires arabes y décelèrent «l'étrange ressemblance» avec... «la famille Al Assad» au pouvoir depuis presque cinquante... ans ! Nabil Souleïman n'est pas sorti indemne de ce prodigieux exercice narratif ! En 2006, les sbires de Bachar Al Assad le tabassèrent violemment : trois côtes brisées et un mois d'hospitalisation. Il avait fallu «la visite» de l'ambassadeur américain à Damas au chevet du romancier hospitalisé à Lattaquié (qui a été bombardée même par des destroyers pour que les «services syriens» le laissent... tranquille ! Khaïri Edhahabi, qui avait publié une trilogie (Hassiba, Hicham, Tarek) en 2003-2006, connaîtra le même sort ! Des colosses ont failli le tuer à l'Union des… écrivains syriens !» Résultat : une opération à cœur ouvert dans les «urgences de l'hôpital central» de Damas ! Depuis, les deux romanciers sont marginalisés et ne publient qu'à… Beyrouth. Dans le cinéma, des scénaristes comme Samir Siris ou Faïz Ghandor ont été malmenés. Le premier a été arrêté puis relâché après quatre jours, pour avoir soumis à la «télévision officielle» un feuilleton «historique» jugé «infidèle à l'histoire du parti Baâth», et le second a écopé d'une amende de cinq mille lires pour «falsification d'événements de l'histoire nationale !» D'autres, comme Faïz Anzour, verront leurs productions télévisuelles interdites de diffusion en Syrie. Des «intellectuels bien informés» ont même insinué que Bachar Al Assad est intervenu en personne auprès du roi Abdelaziz d'Arabie Saoudite afin que ce dernier «interdise» la diffusion, durant le Ramadhan 2006, du feuilleton Khalid Ibn El Walid ! Mais dans «le drame syrien», il n'y a pas que «ça» ! Des acteurs, devenus riches et célèbres, comme Saâd Eddine Fadha, ou Bassam T-Yakhour, ont pris une position larbiniste et ont poussé «le bouchon» jusqu'à manifester contre leurs... concitoyens violentés et tués par Bachar Al Assad ! C'est un véritable «mélo-drame syrien !»