José Francisco Caetano Madeira est directeur du Centre africain des études et recherches sur le terrorisme (CAERT), dont le siège est à Alger. Dans cet entretien, M. Madeira revient sur la Conférence sur le partenariat de lutte contre le terrorisme qui s'est tenue à Alger les 7 et 8 septembre. - Qu'est-ce qui a suscité la forte participation des partenaires des pays du Sahel à cette conférence ? C'est vrai que cette conférence est rehaussée par la participation de personnalités de haut niveau. Cela est lié surtout au fait qu'il y a de grandes compétences en Algérie qui ont réussi à réunir autant de hauts responsables autour d'un sujet très important. La deuxième raison a trait au fait que le terrorisme intéresse tout le monde, parce qu'il affecte toute la communauté internationale. Il en est de même pour la lutte antiterroriste en Afrique en général, et au Sahel en particulier. Il y a aussi la situation en Libye, mais elle n'est pas au centre du sujet, puisque la conférence a été décidée au mois de mai dernier. - Aujourd'hui, la problématique de la circulation des armes a poussé les Etats du Sahel à trouver une riposte urgente à ce phénomène. Qu'en pensez-vous ? Effectivement, la question libyenne inquiète et nous interpelle tous. Nous voulons que la Libye ne devienne pas un centre de déstabilisation de toute la région. Espérons que les armes qui circulent partout en Libye soient récoltées et les soldats qui combattaient dans ce pays n'ont pas été recrutés pour déstabiliser leur pays et que ceux qui ont perdu leur emploi en Libye et sont retournés chez eux puissent retrouver de quoi vivre pour éviter d'être recrutés par l'AQMI ou par des bandes de crime organisé. C'est ce qui fait l'importance de cette conférence. Celle-ci peut apporter une contribution pour contrôler la situation générée par la crise libyenne. Il y a, cependant, des choses que nous ne contrôlons pas, mais la priorité est d'éviter que toutes ces armes ne soient une source de déstabilisation soit en Algérie, au Niger, en Mauritanie, ou au Mali. J'espère que l'AQMi ne puisse pas profiter de cet arsenal. - Peut-on espérer l'engagement unanime des pays de la région dans la lutte contre la prolifération de ces armes ? Tous les Etats sont profondément engagés, et les moyens qu'ils utilisent sont malheureusement très réduits. Ils veulent la paix et la stabilité. Cependant, aller ou ne pas aller en Libye ne dépend pas d'eux. Les autorités en Libye doivent faire quelque chose. Elles doivent se rapprocher des pays de la région et les voir comme amis et non pas comme ennemis, afin de travailler avec eux, pour le bien de la Libye et de la région.