Profiter des augmentations de salaire pour relever le pouvoir d'achat des citoyens sans engendrer d'inflation est une équation que le gouvernement espère régler en comptant sur une utilisation à bon escient de l'épargne des ménages. Mais la question est de savoir comment soutenir un niveau de vie décent tout en songeant à épargner, tant la cherté de la vie est de notoriété publique.Les ménages ne pourront recourir à l'épargne que si leurs besoins de consommation de base, à savoir la santé, l'alimentation, le logement, l'éducation des enfants… sont d'ores et déjà satisfaits. Car comme nous l'a expliqué, récemment, un spécialiste des questions financières. «En général, les choix des ménages ne se font pas entre les besoins de consommation de base et l'épargne, mais entre les biens de consommation discrétionnaires et l'épargne. Ils ne se demandent pas s'ils vont remplir leur couffin ou épargner. Ils vont cependant, s'ils sont incités à le faire, choisir entre changer de voiture (ou de téléviseur) et épargner». Pour qu'ils en arrivent à épargner, il faut donc qu'ils en aient les moyens et ensuite qu'ils soient incités à le faire. Pour la rentrée 2011, le choix est vite fait, la Ramadhan et l'Aïd étant passés par là, c'est à peine si les parents auront les moyens de payer les fournitures scolaires de leurs enfants surtout que le marché connaît une hausse des prix. Certains parents avouent avoir besoin d'un budget de 2000, 4000, à 5000 DA par enfant scolarisé selon qu'il soit inscrit aux cycles primaire, moyen ou secondaire. Des enfants de plus en plus exigeants, attirés par les marques et la qualité, ce qui n'arrange rien. L'épargne, s'il en reste après toutes ces dépenses, elle est encore rémunérée par les banques, même sur les comptes à vue, mais les taux d'intérêt pratiqués sont loin d'être incitatifs et avec le manque de développement des produits financiers de placement, les choix qui s'offrent à l'épargne restent réduits. D'où la proposition faite par certains financiers de ne pas imposer les revenus épargnés qui sont placés en Bourse ou dans d'autres produits financiers, afin d'encourager cette pratique. Pour l'heure, ce sont l'immobilier, le foncier et le logement qui sont considérés comme les produits de placement les plus sûrs, en témoigne d'ailleurs la flambée des prix sur le marché de l'immobilier au cours de ces dernières années. Néanmoins, il serait erroné de confondre le salarié moyen avec la catégorie de personnes qui sont en mesure de placer leurs épargnes dans des produits immobiliers. D'aucuns estiment en effet que l'épargne déjà disponible sur le marché est importante, même si elle ne provient pas nécessairement des catégories de ménage qui ont bénéficié d'augmentations salariales, récemment. Dans ce cadre, il ne faudrait pas omettre l'importance du marché informel qui représente un pan entier de l'économie nationale et assure la survie pour certains et l'enrichissement pour d'autres. Une étude réalisée en 2007 et publiée par le Forum des chefs d'entreprises en 2009 a démontré que les revenus issus du secteur informel totaliseraient 17% de l'ensemble des revenus primaires nets des ménages. Les revenus nets de ce secteur informel se situeraient entre 300 milliards et 600 milliards de dinars.