Le taux d'inflation qui s'était maintenu ces dernières années autour de 5,7 et 4,5% a plombé l'épargne dans les banques et a carrément laminé la thésaurisation au niveau de la poste. La situation de l'épargne dans les banques s'était stabilisée en 2009 et 2010, contrairement aux dépôts sur les CCP qui ont été presque nuls. Cette institution, qui injectait une moyenne de 120 milliards de dinars en termes de salaires et pensions, était appelée à doubler la solde pour atteindre un volume 217 milliards de dinars en mars dernier. Environ 70% des retraits de ces derniers mois tournent autour des 50 000 DA. La restitution des stocks se fragilise. Idem pour l'épargne, au moment où l'informel accapare une bonne partie de la monnaie fiduciaire. Durant l'année 2010, l'épargne des ménages au niveau d'Algérie Poste était incapable de couvrir l'écart grandissant entre le niveau des décaissements (2110 milliards de dinars) et les approvisionnements effectués par la Banque d'Algérie (1410 milliards de dinars). Cet écart n'est pourtant que de 700 milliards de dinars. C'est dire que l'épargne au niveau des comptes CCP, indice de la thésaurisation de l'argent des ménages, était très faible et en net déclin comparativement aux années précédentes. En arrière-plan de cette situation, qui s'avère sur le fil du rasoir, figure une hausse généralisée des prix à la consommation, et donc d'une tension inflationniste plus que jamais préjudiciable pour l'économie et les ménages. La crise de liquidités qu'a connue Algérie Poste est liée en partie au recul de l'épargne au niveau des comptes CCP. La situation de l'épargne au niveau des banques tend, néanmoins, à se stabiliser après une chute constatée entre 2008 et 2009. Pour l'ensemble des dépôts à vue (institutionnels, corporates et ménages), l'évolution a été refroidie entre 2008 et 2009. A première vue de la situation de l'épargne, en termes de dépôts à vue, on peut déduire un léger recul entre 2008 et 2009, puisque l'écart était de 300 milliards de dinars. En termes clairs, les dépôts à vue au niveau des banques à fin 2009 totalisaient 3114 milliards de dinars, alors qu'ils se chiffraient à 3400 milliards de dinars à fin 2008. L'épargne des ménages se posait telle une roue crevée, si ce n'est les capitaux compensatoires injectés par le segment des corporates. A fin 2009, les dépôts à terme au niveau des banques de la place d'Alger étaient estimés à 2228 milliards de dinars. Sur la structure des dépôts à vue, réputés volatiles, l'épargne des ménages s'érige en maillon faible. Bien que la situation soit rééquilibrée de façon générale, la tension inflationniste pèse encore sur les ménages et la fragilité du pouvoir d'achat guette sans relâche les portefeuilles. Des chiffres obtenus auprès de la Banque d'Algérie font état d'une légère évolution constatée sur la courbe des dépôts en 2010. L'accroissement des dépôts à vue était d'environ 12,8%. Ils totalisaient ainsi 3539 milliards de dinars à fin 2010, alors que les dépôts à terme se chiffraient à 2524 milliards de dinars. La situation des caisses marque ainsi une légère évolution comparativement à 2009 et un état de stagnation par rapport à 2008. L'enjeu premier pour l'Algérie est de maîtriser l'inflation qui se pose comme étant le risque majeur auquel sont confrontés les ménages. Car mathématiquement, l'inflation suppose la hausse des dépenses qui, elle, affecte mécaniquement l'épargne.