Diviser pour régner. C'est, en définitive, la stratégie retenue par le ministère de l'Education nationale pour désamorcer la crise latente qui couve dans les écoles. Sinon, comment expliquer l'éternel refus de Boubekeur Benbouzid de composer avec tous les syndicats de son secteur ? Invoquant une nouvelle fois l'argument de la légalité, le ministre de l'Education s'est arrangé, hier, pour tenir à l'écart de la table des discussions quatre des six syndicats des enseignants qui ont menacé, la semaine dernière, de paralyser les écoles dans le cas où il ne prendrait pas en charge leurs revendications. Comme il fallait s'y attendre, le premier round de négociations n'a rien donné de satisfaisant. Plutôt que d'entrer dans le vif du sujet et de mettre à plat les problèmes de son secteur - ce qui aurait probablement participé à détendre l'atmosphère - , le ministre de l'Education s'est employé, en effet, à convaincre ses interlocuteurs de faire machine arrière et de surseoir à leur action. A ce jeu du quitte ou double, Boubekeur Benbouzid y gagnera à moitié. A moitié seulement puisque seul le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) a fini par se désolidariser du reste de la coordination des syndicats des enseignants et à renoncer à faire grève. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (UNPEF), le deuxième syndicat reçu, a, quant à lui, campé sur ses positions, arguant qu'il n'était pas dans ses cordes d'annuler un préavis de grève décidé collectivement. La réponse attendue des responsables de l'UNPEF pourrait ainsi avoir pour effet de ramener le ministère de l'Education à la case départ et, surtout, de laisser le problème des enseignants entier. Car si le propos ici n'est pas de discuter du poids et de la représentativité de chacun des syndicats qui activent dans ce secteur, il est sans doute utile que Boubekeur Benbouzid se rende vite à l'évidence que la « neutralisation » d'une ou même de deux organisations de travailleurs pourrait bien s'avérer une opération sans effet sur le réel. Cela d'autant que le gros des troupes des enseignants se compte parmi les syndicats qu'il s'entête encore à exclure.