La politique de diversification de l'Algérie vers d'autres partenaires, notamment les Etats-Unis d'Amérique, est, à moyen terme, l'une des options qui s'offrira à l'Algérie afin de faire face aux retombées du conflit gazier russo-ukrainien », a déclaré, hier, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, invité de l'émission radiophonique El Mountada de la Chaîne I. Ce conflit entre les deux pays, loin d'être similaire au choc pétrolier de 1973 et qui ne constitue nullement un « choc gazier », aura des retombées, à court terme, sur les prix, a déclaré le ministre, pour qui, « sur le moyen et long termes, ce conflit aura des répercussions sur l'Algérie et la Norvège ». Et d'expliquer que « l'Europe aura tendance à mettre en place une politique de diversification de ses sources d'approvisionnement en gaz naturel, en ayant recours à d'autres fournisseurs, comme l'Egypte, le Qatar et le Nigeria, en plus de nombreuses possibilités d'achat de gaz naturel liquéfié (GNL) ». Tout en considérant que la demande en gaz est plus grande que l'offre, « ce qui exclut pour l'heure toute concurrence entre les pays exportateurs de gaz », Chakib Khelil a indiqué que l'Algérie se fixe comme objectif d'atteindre 85 milliards de m3 de gaz à exporter à l'horizon 2010 et 100 milliards de m3 en 2015, dont la moitié en gaz liquéfié. Deux projets en GNL d'une capacité de 11 milliards de m3 sont en cours de réalisation, a ajouté le ministre, pour qui d'autres pays émergent actuellement dans le marché du gaz. L'Algérie exporte actuellement 62 milliards de m3 de gaz, dira le ministre, et prévoit de mettre en exploitation, début 2009, le gazoduc transméditerranéen Medgaz. Un gazoduc donc les travaux s'achèveraient en 2007, selon M. Khelil, et dont la capacité de transport est de 8 à 10 milliards de m3. Le ministre de l'Energie et des Mines a, en outre, indiqué que « sur le court terme, soit 40 à 50 ans, le pétrole et le gaz resteront encore l'énergie de prédilection pour les pays développés », tout en relativisant les énergies dites de substitution, comme l'énergie nucléaire, qui ne représentent que 15% de la consommation en énergie en France. A propos des cours du pétrole, le ministre a estimé que les prix ne descendront pas de la barre des 50 dollars pour les six mois à venir, arguant des tensions géostratégiques qui persisteront, selon ses dires. Et d'exclure toute augmentation des quotas de production par l'Opep qui a déjà eu, et en vain, explique-t-il, à mettre sur le marché quelque 2 millions de barils. Le ministre de l'Energie et des Mines s'est étalé ensuite sur les multiples opportunités de développement de Sonatrach sur l'international, citant l'Afrique, l'Amérique latine et même, dit-il, en Asie. Il citera, à cet effet, les discussions qu'il a eues avec son homologue pakistanais sur la coopération avec Sonatrach au Pakistan. Sur le plan interne, le ministre a souligné l'accord qui sera signé avec l'entreprise portuaire « qui améliorera la gestion et les équipements des ports pétroliers ». Cet accord prévoit une participation à hauteur de 60% pour Sonatrach et 40% pour l'entreprise portuaire.Abordant le secteur de l'électricité, le ministre a indiqué que la demande nationale est évaluée à 6700 mégawatts, tout en relevant que si la production de l'électricité est suffisante, le problème réside dans sa distribution, citant, au passage, les multiples chantiers en cours, dont la majorité en partenariat avec des entreprises étrangères. Interrogé sur la politique algérienne de substitution en prévision de la fin des hydrocarbures, Chakib Khelil dira que des projets sont en cours de réalisation, que ce soit en énergie éolienne ou nucléaire, dont l'Algérie, dit-il, détient des réserves en uranium. Le ministre a évoqué le projet de fabrication, à Biskra, du bioéthanol par les dattes, « qui ne peuvent être exportées », pour les moteurs.