Pourquoi l'UGTA est-elle la seule représentante des travailleurs à la tripartite ? «Les syndicats autonomes représentent la seconde épouse du gouvernement après l'UGTA.» Voilà ce qu'a répondu Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, à la question d'un praticien, pour justifier son «dédain» à l'encontre des syndicats autonomes, raconte Lyes Merabet. Cette analyse du secrétaire général ne révèle rien d'autre que l'ambiguïté de la relation UGTA-gouvernement depuis des années. Nous, en tant que syndicats autonomes, nous ne nous considérons pas «mariés» au gouvernement !» indique le président du SNPSP. Pour Meziane Meriane, la présence de l'UGTA n'est pas fortuite. «Le problème de l'UGTA remonte à 1965, année du premier congrès. Il y a eu des résistances de la part des syndicalistes. Ils ont voulu que l'Union soit la continuité de la cause de Aïssat Idir, un véritable syndicat qui défende les intérêts des ouvriers. A midi, leurs places ont été accaparées par des gens venus dans des fourgons de police. Ils ont mis en place un syndicat d'Etat. Là, pour entériner les décisions du gouvernement, qu'il soit de gauche ou de droite. Les vrais syndicalistes de l'UGTA ont été ‘déportés', arrachés de l'université au service national, certains ont même été tués», souligne le coordinateur du Snapest. De son côté, Sadek Dziri qualifie l'UGTA de «pompier», «unique représentant qui ne ‘gêne' pas, auquel le gouvernement fait appel afin d'avaliser les lois prises auparavant pour leur donner un cadre officiel, correct», soutient le président de l'Unpef. Quant à Dr Mohamed Yousfi, la désignation de l'UGTA comme seul représentant des travailleurs est politique, pas plus. «On a décrété que l'UGTA représentera à vie les travailleurs. Même ceux qui le font, ce sont des députés qui n'ont rien à voir avec les travailleurs. Le gouvernement est en train de parler avec lui-même !» ironise le président du SNPSSP. Messaoud Boudiba se dit pour sa part «scandalisé» par «l'entêtement» des pouvoirs publics en cette période de révolution dans les pays arabes, et de soulèvement social contre la cherté de la vie, dans la plupart des pays du monde. «Dans un contexte aussi délicat (révolution arabe, cherté de la vie, tensions sociales…), on tient encore à faire appel uniquement à l'UGTA. Ces gens n'arrivent pas à se débarrasser de la pensée unique, ils vivent à travers le monologue, ils interdisent tout dialogue. Ces gens méprisent le peuple dont les travailleurs.»