Il reste à savoir si on puisse espérer, qu'avec la cérémonie de clôture, les projecteurs ne se soient pas éteints jusqu'au prochain festival mais juste le temps de penser un prolongement. Du haut de ses 90 ans passés, Cheikh Rachid Baouche dit Abdelwahab Abdjaoui, avait «béni» de sa présence tous les galas du 4ème festival de la chanson et la musique kabyles de Béjaïa qui a pris fin le 14 septembre dernier à la salle du TRB. Le festival rendait exclusivement hommage au cheikh. De manière authentique, puisque la plupart des vedettes, groupes ou chorales programmés durant le festival ont interprété au moins un titre de son fabuleux répertoire, notamment satirique. Pour la clôture, la cérémonie était beaucoup plus au protocole et à la remise des distinctions et reconnaissances qu'à l'animation. On eut toutefois comme interlude une superbe production de la troupe féminine de l'école de musique Ahbab Cheikh Sadeq Lebdjaoui. De vieux airs kabyles, dédiés à l'amour ou tournant en dérision la vanité et l'oisiveté, retravaillés sur des mélodies mixant savamment hawzi et chaâbi. Le reste du carton se résume en un film se voulant une biographie de cheikh Abdelwahab et réalisé par VIP et le passage d'un numéro de tango, exécuté par un duo accompagné musicalement par l'orchestre dirigé par Bazou. Là aussi, le public est ravi par la superbe reprise de vieux airs de cheikh Abdelwahab sur le mode tango. Le festival consacrait bien évidemment une compétition. Et les tablettes du jury présidé par Bazou révèlent à la première place Maxias de Béjaïa. Tandis que le deuxième prix est accordé à Ouali Massinissa de Béjaïa et le troisième à la troupe de Boumerdés. Le prix spécial du jury sacrera la troupe d'Alger.Le prix du meilleur texte reviendra à la troupe de Bouira et celui de la meilleure voix à Methia Arezki de la Relève Kabyle de Seddouk. Il faut dire qu'à coté des vedettes, ces jeunes talents ont tiré leur épingle du jeu, référence faite aussi au bruyant assentiment du public à leur égard. Une émergence qui n'est pas évidente dans un environnement ou «manquent des écoles de musique et où l'instrument de musique n'est pas donné» pour reprendre en substance les propos de Bazou. Le rideau est tombé sur un festival qui a vu débouler quelque 110 artistes. Une affiche relevée par les Djamal Allam, Yasmina, Ait Menguellet, Soula, El Ghazi, Nouara, Tagrawla, Malika Domrane, Khelfaoui et d'autres vedettes non moins célèbres. Une semaine durant, la musique était partout. 18 sites d'animation, dont 5 en extérieur dans la ville de Béjaïa et 12 dans les communes. Il reste à savoir si on puisse espérer, qu'avec la cérémonie de clôture, les projecteurs ne se soient pas éteints jusqu'au prochain festival mais juste le temps de penser un prolongement avec des retombées et des enseignements à induire dans l'intelligence entretenant le secteur. La musique doit vivre au quotidien et l'espoir qui a jailli dans la tête des lauréats ne doit pas s'avérer un mirage. Car, malheureusement, comme nous l'ont accordé les gagnants des festivals précédents, dans une conférence de presse, les promesses qui avaient été faites à ces derniers «n'ont pas été tenues». Ils «attendent à ce jour» l'enregistrement de leur CD et une tournée. D'autre part, si la thématique choisie était liée à la chanson représentative, mis à part Akin ilebhar, on n'avait pas beaucoup vu de comédies musicales durant ce festival. Ce qui dénote encore d'un déficit flagrant de ce type de productions.