Quels sont les acquis d'Octobre 1988 ? Comment les préserver ? Quels sont les nouveaux défis à relever par les sociétés maghrébines ? Telles sont les principales interrogations auxquelles ont tenté de répondre les participants au séminaire organisé par l'association Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) à l'occasion du 13e anniversaire des événements d'Octobre 1988 et dont les travaux ont été ouverts hier à Alger.En effet, cette rencontre, qui se tient sur deux jours avec la participation d'invités algériens, tunisiens et marocains, ouvre le débat sur les acquis et les prolongements d'Octobre 1988 ainsi que sur l'avenir de la région du Maghreb et du Moyen-Orient à la faveur des révoltes populaires en cours. Au premier jour de ce séminaire, deux conférences ont été animées sur les thématiques «Algérie 2011 : quel prolongement pour la révolution inachevée d'octobre 1988 ?» et «La jeunesse face au défi de la construction d'un Maghreb des peuples». Des conférences qui ont suscité un débat riche en idées et en propositions qui aideraient la société algérienne, en particulier, et celles du Maghreb, en général, à relever le grand défi de la démocratisation. Premier point abordé : «Octobre 1988 et ses acquis». Idir Achour (secrétaire général du CLA), Hakim Addad (secrétaire national du FFS chargé des mouvements sociaux) et Taher Belabas (coordinateur du Collectif national des chômeurs) ont, tour à tour, relevé l'importance de cette date dans l'histoire des mouvements de revendication en Algérie. «Le 5 Octobre 1988 est un prolongement des mouvements qui se sont succédé depuis 1954, 1963, 1980. Nous étions dans une crise profonde engendrée par deux causes principales : la fermeture des espaces d'expression et la situation sociale explosive», rappelle Idir Achour. L'ouverture arrachée après 1988 est un acquis important pour les Algériens, mais, dit-il, la revendication s'est poursuivie encore durant ces 20 dernières années. «L'Algérie a connu d'autres mouvements, tels que le boycott scolaire de 1995, les protestations du syndicat CNES en 1997, le Printemps noir de 2001 et les protestations de 2011. Malgré tout, ces mouvements ont quand même réalisé des avancées, même si elles ne sont pas à la hauteur de nos espérances», souligne encore Idir Achour. «Chaque mouvement a eu ses acquis» Aujourd'hui encore, ajoute-t-il, «les mêmes causes qui ont engendré le 5 Octobre 1988 sont présentes». «Le taux de chômage reste très élevé, l'augmentation du SNMG décidée à l'issue de la dernière tripartite est un leurre. Les travailleurs ne bénéficient que de 5% d'augmentation», explique-t-il.Idir Achour appelle aussi à la résistance pour arracher une vraie démocratie. Il plaide pour l'émergence de nouvelles élites pour canaliser les mouvements sociaux afin de réaliser l'objectif du changement. De son côté, Hakim Addad souligne l'importance des acquis d'Octobre 1988 «qui ont été dilapidés par le pouvoir après l'arrêt du processus électoral de 1992». «Le 5 Octobre n'était pas un chahut de gamins, comme l'a affirmé un ancien ambassadeur d'Algérie à Paris à l'époque. C'est le pouvoir qui, en arrêtant le processus démocratique, a mis l'Algérie dans l'impasse, sur la voie de la guerre civile et de la guerre contre les civils», lance-t-il. Saluant les révolutions tunisienne et égyptienne, il critique «les réformes politiques annoncées par le pouvoir», qualifiées de «réformettes qui ne tromperont personne». Hakim Addad appelle, dans la foulée, à l'union des forces démocratiques pour exiger «des libertés démocratiques pour tout le monde».«Pour cela, il faut la lutte, la lutte et encore la lutte», indique-t-il. Pour sa part, Tahar Belabas attire l'attention sur la détresse des chômeurs en Algérie, avant d'appeler à «la constitution d'un front social qui provoquera le changement». Les trois intervenants ont souligné la nécessité de préserver les acquis des différents mouvements et la poursuite de la lutte pour arracher de nouveaux acquis.