Les députés se sont réunis hier à l'Assemblée populaire nationale (APN) pour l'examen du projet de loi fixant à 30% le quota de femmes élues, ce qui a suscité des réserves, sinon des oppositions franches et directes de certains députés, y compris chez ceux de la majorité présidentielle. Réforme promise par le président Abdelaziz Bouteflika, ce projet est sur la table des députés qui devaient le voter. «Malgré les multiples succès de la femme algérienne dans les différents domaines, malgré l'égalité consacrée dans la Constitution et les autres lois (…), sa représentativité en politique demeure un problème nécessitant une solution efficace», a déclaré le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz. Pour lui, la solution serait de «légiférer et d'instaurer un quota de 30%», tout en rappelant qu'«après 50 ans d'indépendance, la représentation féminine en Algérie reste faible». Rien qu'à l'APN, sur 389 députés, 30 seulement sont des femmes, soit un taux de représentation de 7,7%. Il est également à rappeler que les seules sénatrices sont nommées parmi le tiers présidentiel. Et sur les 1541 présidents d'APC, seules 3 sont des femmes. La majorité des intervenants présents dans une Assemblée clairsemée se sont clairement opposés à ce projet de loi. Selon Mustapha Benabdallah, député FLN, «cette loi va créer une fitna (division) entre les femmes et les hommes», tout en ajoutant que même si elle passe, «en Algérie, aucune loi, heureusement, ne dure». Toujours au sein du FLN, Ahmed Hasnaoui a exhorté le gouvernement de «commencer par appliquer les 30%» en son sein. Même son de cloche du côté des députés du Mouvement de la société pour la paix (MSP), membre de l'Alliance présidentielle, qui ont critiqué ouvertement ce projet de loi, le qualifiant d'«antidémocratique», allant jusqu'à affirmer «l'absence de compétence chez les femmes». Les pro-projet se sont également fait entendre, tels Zerfa Benyekhlef du FLN, qui a estimé qu'au sein du vieux parti, «il existe de nombreuses femmes cadres compétentes et que leur nombre dépasse les 30% requis». Elle a même ajouté que «dans les affaires de corruption ou de trucage des élections, nous n'avons pas entendu parler d'implication de femmes». Halima Lakehal du FLN, toujours, pense que «c'est une question de mentalité, la politique nécessite des compétences et il existe des femmes compétentes, il suffit de les trouver». Fatima Gasmi du Rassemblement national démocratique (RND) s'est dite, quant à elle, «choquée» par les députés qui débattent longuement sur ce projet «alors qu'ils passent leur temps à parler d'égalité. Ils ont peur de perdre leurs sièges». Au niveau du Parti des travailleurs (PT), Ramdane Taazib a estimé «ne pas être convaincu que de cette façon nous allons promouvoir la femme. On ne peut dissocier les droits politiques des autres droits». Ce projet devra être voté, avec une demi-douzaine d'autres constituant les réformes présidentielles promises par le président Abdelaziz Bouteflika, le 15 avril dernier, avant fin janvier, qui constitue la fin de la session d'automne du Parlement, le dernière du genre de la législature 2007-2012. On peut en douter avec le machisme récurrent de certains élus.