L'état dans lequel se trouvent les logements de Ouled Fayet, relevant de la formule de location-vente, a provoqué un tollé poussé chez les locataires. En effet, les immeubles « livrés à la hâte », connaissent, selon eux, de multiples problèmes. « La cadence pour le moins soutenue qu'ont connu les travaux de réalisation par The Arab Contractors a eu pour tout dire des contrecoups », relève ce locataire, heureux bénéficiaire des lots livrés en août 2004. Et de renchérir : « Le site de Ouled Fayet est beau. Toutefois, les couacs sont là pour en amocher l'aspect. Cela persiste sans que l'organisme logeur ne se soucie des désagréments auxquels font face quotidiennement les locataires. On est livré à nous-mêmes. » Raison qui a poussé les locataires à se constituer en association avant de « déchanter », compte tenu de cette tâche qu'ils qualifient d'« ardue ». « En témoignent les caves des immeubles qui sont immergées d'eaux puantes », proteste-t-on. Aussi, des cloaques putrides se forment aux bas des immeubles. Les conséquences de ce couac ne se sont d'ailleurs pas fait attendre. « Nous avons des moustiques en plein hiver, ce qui est pour le moins insolite, et l'AADL ne fait rien pour y remédier », tonnent nos interlocuteurs dépités. De leur côté, le responsable du bureau d'études et celui chargé du suivi des travaux du projet de Ouled Fayet, dont le nombre de logements à réaliser s'élève à pas mois de 1500, fournissent une autre explication. « Les commerces dont proviennent ces coulées sont en chantier. Pour les sous-sols, nous avons prévu de les réaménager. Toutefois, on ne peut pas vous dire leur destinée future », soutiendra, visiblement gêné, le responsable du bureau d'études. Des locataires en bénéficieront, comme le laisse supposer une rumeur persistante ? Pas si sûr, fait-on savoir. Par ailleurs, les occupants des 6 immeubles (E1 - E6) sur les 14 livrés n'ont pas été raccordés « dans les normes » à l'énergie électrique et n'ont pas encore, à ce jour, de compteurs d'électricité. L'entreprise égyptienne alimente les ménages à partir du chantier se trouvant en contrebas des lots occupés. En conséquence, des chutes de tension sont relevées par les résidants. L'AADL a aménagé, quant à elle, six postes d'électricité, « mais qui ne servent au final à rien », soutient-on. « Mon voisin de pallier a vu ses machines électroménagers hors d'usage à cause de ces désagréments », lâche un locataire. Les responsables précités jettent, quant à eux, la pierre aux services de Sonelgaz pour dire plus loin qu'« un planning a été signé récemment avec la société et prendra effet le 26 janvier ». Fait également étrange : les façades des 14 immeubles sont ravalées après pas moins de 2 ans de la réception finale des travaux. « C'est étonnant de refaire le plâtre après moins d'une année de l'achèvement des travaux. C'est, tout compte fait, l'à peu prisme qui règne chez les entreprises », signale notre vis-à-vis. La réalisation du terrain de jeu est l'autre vœu des résidants. « Pour freiner, disent-ils promptement, une désocialisation des jeunes, il est plus que nécessaire de procéder à l'aménagement d'un terrain de jeu prévu pourtant dans le plan initial », suggèrent-ils Des concierges auxquelles a été affecté un F2 au rez-de-chaussée se font toujours attendre. « Les incivilités que les responsables s'empressent toujours de relever disparaîtront d'elles-mêmes. » Autre inconvénient persistant : les niches à ordures accolées aux immeubles. Nos interlocuteurs soutiennent que les responsables du site « pressentant la venue du président de la République ont procédé à un toilettage poussé du site. La maladie prompte du chef de l'Etat en a causé l'arrêt immédiat ». « Ce remue-ménage improbable nous renseigne sur le fait que nous ne comptons pas pour les responsables », avance un locataire. Peu prolixe, le chef de projet confirme à demi-mot les dires des locataires. « L'Aïd a été pour nous l'occasion de sortir la grosse batterie. Nous avons mis à la disposition des résidants une aire pour l'abattage des moutons et des échafaudages pour qu'ils accomplissent le rituel dans les conditions d'hygiène requises », s'enorgueillit-il. Plus insolite encore, le fait que les locataires n'ont pas à ce jour leur contrat est signalé avec persistance. « Nous n'avons toujours pas reçu nos contrats depuis leur signature voilà déjà plus d'une année. Comment les locataires-acquéreurs peuvent-ils en déceler les tenants, préserver leurs droits et connaître leurs devoirs ? », lâche un locataire On s'en lave les mains... Les responsables au niveau du chantier font entendre un autre son de cloche et accablent les locataires qui ne sont pas, à leurs dires, « imprégnés d'une culture urbanistique favorisant la propreté de leur milieu immédiat ». Le responsable du bureau ne met pas de gants pour tirer sur les résidants. « Plus de la moitié des logements est inoccupée. » Les bénéficiaires seront-ils sanctionnés pour autant ? Notre vis-à-vis se déjuge et avoue la main sur le cœur ne pas connaître les tenants et aboutissants de ces pratiques. Lors d'une visite en juillet dernier sur les chantiers, le directeur général, M. Kheïreddine, a parlé d'une enquête administrative qui n'a visiblement pas révélé ses conclusions. Des résistances multiples « semblent faire jour dans les rouages de l'agence », insiste-t-on. Le non-paiement des échéanciers est l'autre nœud gordien auquel est confrontée l'agence. « Beaucoup ne payent pas leur échéance et leur nombre n'est pas caricatural », signale-t-on. Encore que la loi signée par l'ex-chef du gouvernement, M. Benflis, est claire. Elle stipule que le non-paiement par le bénéficiaire de trois échéances consécutives entraîne l'application d'une pénalité de 5% du montant de la mensualité. En cas d'impayé de six mensualités, le contrat de location-vente est résillié aux torts du bénéficiaire. Le promoteur, l'AADL en l'occurrence, se réserve le droit dans ce cas d'engager auprès des juridictions compétentes une procédure en vue de l'expulsion de l'occupant du logement concerné. « Servir le gros des bénéficiaires honnêtes, ceux-là, ne semble pas soucier outre mesure les responsables qui continuent, tout bonnement, à fermer l'œil sur ces pratiques », insistent des locataires. « Les fiches sont faites », dira comme pour se dédouaner le chef du bureau d'études. Pour le chef du bureau, les responsables du chantier n'ont pas démérité puisque, soutient-il : « Notre bureau est le seul à avoir exigé de l'entreprise égyptienne d'avoir un docteur pour la centrale béton. » Pas moins que ça ! On a tenté vainement de contacter la direction générale de l'AADL. Saura-t-on juguler la « faillite » qui semble guetter les chantiers comme ceux de Ouled Fayet, pourtant site pionnier. C'est du moins le souhait des résidants.