Encore une autre opportunité politique que l'Algérie est en passe de dilapider si l'heure du candidat socialiste, François Hollande, a vraiment sonné pour présider aux destinées de la France ! Tel que le confirment les résultats du second tour des primaires socialistes, qu'il a remportées avec une confortable majorité, ainsi que les sondages qui lui sont favorables pour en découdre avec le candidat «naturel» de la droite, Nicolas Sarkozy ! Alors qu'il n'avait pas encore annoncé sa candidature à l'élection présidentielle et aux primaires socialistes, François Hollande avait effectué une visite hautement symbolique en Algérie. Lors de cette visite qu'il avait accomplie à l'invitation du FLN, François Hollande s'était distingué par des déclarations audacieuses sur la nécessité, pour l'Etat français, de reconnaître les crimes et exactions commis durant la guerre de Libération nationale. Une position endossée officiellement, bien que partiellement, par son parti, le PS, qui a interpellé les autorités françaises à l'occasion de la commémoration des événements tragiques du 17 Octobre à Paris pour assumer cette page douloureuse de l'histoire de l'Algérie qui avait vu des centaines de nos compatriotes jetés à la Seine. Hier, au lendemain de son investiture officielle en tant que candidat du PS à l'élection présidentielle, François Hollande avait tenu à être présent à la cérémonie commémorative de ces événements, sur les bords de la Seine. Ces appels répétés du pied (du cœur ?) ne semblent pas avoir trouvé écho auprès des responsables algériens. Quel dirigeant sérieux et soucieux des intérêts de son pays pourrait faire la fine bouche devant un candidat potentiel à la présidentielle d'un pays important comme la France donné, par ailleurs, favori par les sondages, qui s'invite en pleine précampagne porteur d'un message appelant à des relations rénovées avec l'Algérie, débarrassées de tous les tabous, y compris celui du passé colonial de la France ! Bien évidemment, il n'y a rien de fortuit en politique. Il ne fait aucun doute que François Hollande est d'abord venu en Algérie en quête des voix précieuses de la communauté algérienne de nationalité française établie en France. N'importe quel gouvernement responsable, privilégiant la realpolitik dans son mode de gouvernance, cultivant l'art de la prospective politique et l'anticipation des événements, aurait sauté sur l'occasion de la visite à Alger du candidat Hollande pour lui dérouler le tapis rouge, tout en gardant le recul et la distanciation politiques nécessaires afin d'éviter que cela ne soit interprété comme le choix de l'Algérie officielle. Durant son séjour de deux jours à Alger, François Hollande a eu un agenda restreint, limité à une audience au Parlement, une rencontre au siège du FLN, une virée à la rédaction d'El Watan et une visite de courtoisie à l'ancien président Ahmed Ben Bella qui se voulait un clin d'œil à l'histoire. Alors, simple réserve politique, diplomatique, de l'Algérie qui ne voudrait pas s'immiscer, sous quelque forme que ce soit, dans la cuisine électorale française ? Ou bien l'Algérie officielle a-t-elle fait son choix en la personne de Sarkozy dont on connaît les rapports cordiaux le liant à Bouteflika ?