La mort violente du dictateur libyen Mouammar El Gueddafi a certainement ébranlé très fortement le pouvoir algérien. Et, pourquoi pas, provoqué un premier vent de panique. A Damas, à Sanaa, la peur s'est installée et, comme l'a écrit avec humour un internaute, «après la mort d'El Gueddafi, la finale sera Syrie-Yémen». Lorsque la révolte arabe a éclaté d'abord en Tunisie pour s'étendre à l'Egypte et à d'autres pays de la région, l'Algérie, contrairement au dynamisme qu'on lui connaissait durant les 30 premières années de l'indépendance, s'est totalement repliée sur elle-même pour devenir ensuite franchement hostile aux soulèvements populaires et aux aspirations démocratiques des peuples arabes. Plus grave encore, l'Algérie et la dictature syrienne s'abstiennent, à la Ligue arabe, à une résolution appelant le Conseil de sécurité à créer des zones d'exclusion aérienne en Libye pour empêcher le bombardement des populations civiles. Aucun appui, au moins moral, n'a été apporté par les Algériens aux Tunisiens – dont il ne faut pas oublier le soutien durant notre guerre de Libération – lorsqu'ils avaient décidé de se débarrasser de Ben Ali et de sa clique de prédateurs. Aucune parole de réconfort n'a été adressée au peuple égyptien dans sa quête de liberté. Et comme par geste de solidarité entre régimes autocrates, Alger observe un silence condamnable face aux comportements sanguinaires de Bachar Al Assad et de ses milices. Pour marquer davantage sa préférence pour les régimes antidémocratiques, Alger se lance dans une campagne de dénigrement du CNT libyen, créant l'incrédulité et l'incompréhension chez un peuple auquel nous sommes très attachés. Et, cerise sur le gâteau, l'Algérie accorde l'asile à trois rejetons du «fou de Tripoli», en violation d'une résolution du Conseil de sécurité qui leur interdit de voyager hors de la Libye. Ainsi, l'Algérie s'est-elle distinguée en étant le seul pays au monde ayant sympathisé avec la contre-révolution d'El Gueddafi, une attitude suicidaire qu'elle aura à payer. Pourquoi un tel comportement contraire aux intérêts du pays ? Est-ce parce que le dictateur libyen a offert à Bouteflika la résidence libyenne à Alger, comme le soutient le RCD du docteur Saïd Sadi. Si c'est le cas, le prix à payer par l'Algérie est extrêmement élevé. Ou bien est-ce que le pouvoir algérien est totalement aveugle et incompétent au point de ne plus faire la part des choses et qu'il ne voit pas sérieusement le danger qui le guette ? Les promesses de réformes qu'il a engagées et l'argent jeté par les fenêtres pour avoir la paix sociale ne tromperont pas les Algériens. Il n'arrive pas à comprendre que ces derniers le honnissent et qu'il doit disparaître s'il lui reste un minimum de bon sens et un peu de respect pour l'avenir de l'Algérie qu'il n'aime pas.