Incontestablement, celui qui est à l'origine de la peinture éphémère en Algérie, a de la suite dans les idées. Invité à titre exceptionnel pour assurer l'encadrement d'un atelier au profit des élèves de l'école régionale de Mostaganem, Denis Martinez n'a rien fait pour démentir sa propre légende. Celle d'un enseignant hors pair et d'un artiste jamais pris au dépourvu. Accompagné de sa discrète compagne, le maître du signe, le fertilisant du mouvement Aouchem, et sans doute le père spirituel et biologique de l'art expérimental algérien, n'est pas venu à Mostaganem pour faire du tourisme. Très vite, il fera le plein dans un atelier qui s'avèrera exiguë, non pas pour accueillir la vingtaine d'élèves triés sur le volet pour participer à ce premier atelier, mais pour contenir les multiples innovations et les originales idées que l'artiste-peintre au regard alerte et au langage châtié où l'Arabe dialectal côtoie le Français le plus académique, dispensera sans compter. Parmi son public, d'anciens élèves accourus de toutes parts. Il y a avait là Abdelkader Belkhorissat, Mohamed Ghobrini, Karim Sergoua, Adlène Djeffal et Said Chender. Ces fringants étudiants des années 80 continuent de vouer un respect incommensurable à leur maître, dont ils sont devenus les plus proches et les plus fidèles amis. La symbiose aura vite fait de contaminer les jeunes élèves, dont certains savourent profondément le cours dispensé par celui qui fut l'enseignant de leurs pères. C'est dire la perspicacité de Denis Martinez, dont la science infuse et bouillonnante de l'art pictural se transmet ainsi à travers plusieurs générations, avec la même verve, la même originalité et surtout le même engouement. Axé sur la pratique du dessin expérimental l'atelier a été conçu autour de la réalisation de croquis à partir des blessures provoquées par l'homme ou la nature sur l'environnement urbain avec comme terrains d'application le jardin de l'école actuelle en opposition avec le chantier de construction de la future école. A la fin de l'atelier, les participants seront appelés à exposer les travaux réalisés. Par ailleurs, deux expériences similaires réalisées durant les années 80 seront montrées aux stagiaires par la projection d'un diaporama – Fresques à Blida et à In Aménas - et d'un documentaire inédit réalisé à Timimoun et en Kabylie par Dominique Devigne, compagne de Denis Martinez. Ce retour d'un exil contraint et forcé constitue un évènement majeur dans la vie de l'artiste qui renoue avec une jeunesse dont il éprouvera toujours de la peine à s'en éloigner. Il était dit que l'enfant terrible de la peinture algérienne reviendra un jour au pays afin de perpétuer cette confrontation d'idées qui fait de Denis Martinez un pédagogue hors normes de l'enseignement de l'art en Algérie. La symbiose entre le maître et ses élèves est d'une telle intensité qu'il serait vain de la décrire, car elle est fusionnelle, instantanée, profonde et éternelle.