Les autorités anglaises semblent avoir compris qu'il est sans doute temps d'aller au-delà des hydrocarbures dans la coopération avec l'Algérie. Le chassé-croisé ces derniers mois des missions économiques et politiques du gouvernement de Sa Majesté à Alger confirme ce regain d'intérêt britannique pour l'Algérie, considérée, à tort ou à raison, comme une « chasse gardée » de la France. Hier, une importante délégation du Foreing Office, conduite par le secrétaire général sir Michael Jay, s'est longuement entretenue avec son homologue algérienne, à sa tête Ramtane Lamamra, également secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. Et pour une fois, l'odeur du pétrole n'aura pas plané sur les discussions qui ont, à en croire l'agence officielle, brassé un large spectre des domaines de coopération. En fait, il s'est agi essentiellement de la politique, plutôt de la géopolitique cette fois. A commencer par le chaud dossier du nucléaire Iranien sur lequel les envoyés spéciaux de Tony Blair cherchaient sans doute l'appui d'Alger dans l'optique de « corriger » par le Conseil de sécurité le régime d'Ahmadinjad. Il faut préciser ici que l'Algérie a officiellement rejeté l'option des sanctions contre l'Iran, lui préférant la négociation, contrairement à la position justement de la Grande-Bretagne, calquée sur celle des Américains, qui ont privilégié la manière forte. Et dans la même veine, les deux délégations se sont échangé les points de vue sur la situation au Proche-Orient, notamment à la veille des élections législative en Palestine, dont les Anglais redoutent le succès de Hamas. Les rebondissements de l'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, ainsi que « les efforts tendant à favoriser l'unité nationale en Irak » ont également été au centre des débats. Aussi, le chef de la délégation britannique a dit partager la position algérienne sur le conflit du Sahara-Occidental via son règlement « dans le cadre des Nations unies ». Cela étant, bien que les dossiers politiques aient pris la part du lion des entretiens, les deux délégations n'ont pas moins abordé le volet économique. Et dans ce registre, l'on note l'accord de principe de donner un coup de fouet à la coopération dans des domaines aussi variés que le commerce, la justice, les affaires consulaires. Les deux pays semblent ainsi vouloir défricher le terrain juridique à travers la signature de conventions bilatérales, pour parler sérieusement affaires, histoire de se mettre sur la même longueur d'ondes. « Nous avons été absents de l'Algérie, notamment en raison de la situation sécuritaire, mais aussi à cause d'une mentalité qui laissait penser que l'Algérie était la chasse gardée de la France. Nous devons corriger ces clichés. » Cette phrase, lâchée il y a une année par Michael Thomas, directeur commercial du Middle East Association (MEA), qui chapeaute quelque 7000 entreprises britanniques, en dit long sur le forcing anglais pour se faire une place non plus uniquement au sud, mais également au nord d'Algérie.