Les députés Ali Brahimi et Tarek Mira, respectivement de Bouira et de Béjaïa et dissidents du RCD, se sont insurgés, hier matin, lors de la séance plénière consacrée au vote de la loi de finances pour 2012, contre Abdelaziz Ziari, président de l'APN. Ce dernier est accusé d'avoir détourné ostensiblement les suffrages des députés. Les deux élus estiment que la Chambre basse a subi, par l'intermédiaire de son président, un abus qui révèle l'incapacité de cette institution à être une chambre de débat et de régulation. De quoi s'agit-il ? Un nouvel amendement, le 71 bis-7, a été introduit par le député Ali Brahimi en vue de faire relever les pensions de retraite les plus basses pour les porter au niveau du SNMG. L'amendement, selon son auteur, visait à rétablir un ancien droit acquis, consacré par la loi 83/12 du 2 juillet 1983 qui stipulait que la pension de retraite ne saurait être inférieure au SNMG. A l'heure actuelle, 546 000 retraités ne perçoivent que 75% du SNMG. Le rétablissement de l'ancien droit, tel qu'avancé par l'amendement, ne coûtera au Trésor public que 2 510 600 000 DA. Néanmoins, au moment de l'adoption de cette proposition, la cacophonie s'est installée dans la salle, suivie d'une altercation entre M. Ziari et le député Ali Brahimi. Ziari a décidé de soumettre à deux reprises au vote cet amendement, en appelant les députés à bien lever le bras pour distinguer «les pour et les contre», sans que le résultat soit clair. Seulement, les services de Ziari, qui effectuent le décompte, ont conclu que les favorables au «non» l'ont emporté sur ceux au «oui». Ali Brahimi qualifie cette situation de scandale inédit. «Le président a détourné les suffrages des députés. Alors que cet amendement recueillait visiblement, et à deux reprises, la majorité des voix venant de tous bords politiques, le président de l'APN annonçait le contraire», déplore Ali Brahimi, qui se voit refuser un troisième décompte pour trancher le litige. «Le président ne pouvait pas non plus se réfugier derrière les 98 procurations car il ne peut préjuger de leurs choix sans les soumettre au vote. Cette proposition a donc fait les frais de l'arbitraire manifeste du président de l'APN», accuse Ali Brahimi. Ce comportement, de l'avis du député, «renseigne sur les vraies raisons du refus du vote électronique, plus sûr techniquement pour le comptage des voix et plus démocratique politiquement car il est caractérisé par deux principes : la liberté et le secret». Cette pratique, jugée illégale par le député, vient s'ajouter au rejet de demandes de commissions d'enquête parlementaire et à la mise sous le boisseau de propositions de loi maintes fois présentées. «Les méthodes ainsi employées accentuent le discrédit de l'Assemblée que ses instances dirigeantes empêchent systématiquement de jouer pleinement son rôle. En cette législature, Ziari incarne jusqu'à la caricature le détournement de la représentation populaire», déclarent les deux députés, qui ont quitté la plénière et refusé de cautionner un vote biaisé d'avance.