Les magistrats décideront, le 16 novembre, du sort des prévenus du scandale de corruption de l'autoroute Est-Ouest. Scandale aux ramifications internationales, personnalités impliquées non citées par l'accusation et des milliards en jeu : l'affaire reste l'une des plus explosives de ces dernières années.Durant plusieurs heures, une trentaine d'avocats se sont succédé, mercredi dernier, devant la chambre d'accusation de la cour d'Alger pour plaider, dans leur majorité, l'acquittement de leurs mandants, poursuivis dans le cadre de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest. Tous ont rejeté les qualifications des faits par le juge d'instruction. Selon certains d'entre eux, les accusations «ne sont pas, pour la plupart des cas, étayées par des preuves, contrairement à celles qui semblent avérées pour des personnes auxquelles l'instruction n'a pas jugé utile de s'intéresser». Pour les avocats, «tout le dossier repose sur des propos tenus par des prévenus contre d'autres prévenus sans pour autant qu'il y ait des preuves». L'un d'entre eux va jusqu'à reprendre les dernières déclarations du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui avait soulevé de lourdes interrogations au sein de l'opinion publique. Le premier responsable du secteur avait déclaré à El Watan Week-end que l'affaire de l'autoroute «n'est qu'un règlement de comptes entre deux clans qui se disputaient les marchés et se menaient la guerre à travers la presse». Des propos que la défense des prévenus a rappelés devant la chambre d'accusation dont le but est de casser l'argumentation de l'instruction. En plus, certains avocats ont préféré mettre l'accent sur les zones d'ombre qui entourent le dossier, notamment «autour des commissions colossales touchées ailleurs qu'en Algérie par des personnalités citées lors de l'enquête préliminaire et qui ne sont pas inquiétées par le juge d'instruction». «La vérité est ailleurs» L'un d'eux s'est d'ailleurs offusqué contre le fait que Mohamed Bouchama, l'ex-secrétaire général du ministère des Travaux publics (mis sous contrôle judiciaire après plus d'une année de détention provisoire), a été «placé sous mandat de dépôt pour avoir reçu un stylo comme cadeau, alors que des sommes à donner le tournis ont été empochées de l'autre côté des frontières par des personnalités que l'on ne retrouve pas parmi les prévenus. Dans cette affaire, la vérité est ailleurs que chez les mis en cause. Aucune preuve sur les faits qui leur sont reprochés n'est avancée par l'instruction». Des propos que plusieurs de ses confrères vont reprendre pour rejeter en bloc les accusations retenues par le juge d'instruction. La défense des sociétés poursuivies en tant que personnes morales a, pour sa part, estimé que les charges qui pèsent sur celles-ci «ne reposent sur aucun élément de preuve». Pour elle, «ces sociétés ont non seulement obtenu les contrats en bonne et due forme, mais également honoré leurs engagements en réalisant les marchés sur le terrain». Le représentant du ministère public a, quant à lui, vanté les conclusions du juge d'instruction, en relevant que «les qualifications des faits sont à la hauteur de la gravité de cette affaire». Il a de ce fait soutenu le rapport de l'enquête préliminaire et demandé l'application la «plus sévère» de la loi. Après avoir entendu toutes les parties dans le dossier, les magistrats de la chambre d'accusation se sont retirés, en faisant savoir que l'affaire sera mise en délibéré et leur décision quant au sort des prévenus sera connue le 16 novembre prochain.