La nappe phréatique est particulièrement surexploitée dans la plaine du Cheliff. Elle le sera certainement davantage avec la sécheresse persistante qui frappe les bassins versants des deux barrages qui accusent un déficit énorme, selon les services de l'hydraulique. « Les dernières chutes de pluie n'ont pas été d'un grand secours, obligeant les pouvoirs publics à prévoir d'ores et déjà des solutions alternatives pour faire face à la demande importante surtout durant l'été », nous a indiqué hier un responsable de la direction concernée. Certains forages, utilisés aussi bien pour l'AEP que pour l'irrigation, ont connu une baisse inquiétante ces derniers temps. « D'habitude, on mettait moins d'une demi heure pour remplir une citerne de 3 000 litres. Aujourd'hui, l'opération nécessite plus d'une heure au même endroit », nous dira un propriétaire d'un puits au centre-ville de Chlef. Le même phénomène a été signalé dans d'autres points d'eau de la région, notamment ceux alimentant les bains maures, les douches et les unités industrielles. Il l'est d'autant plus dans la plaine agricole qui va d'Oued Fodda jusqu'à Boukadir et Chettia, en passant par Medjajdja, Oum Drou, Chlef et Oued Sly. Ce qui a rendu ce périmètre totalement parsemé de forages au point d'être transformé en véritable « gruyère » comme on le qualifie ici. La situation a pris une telle ampleur surtout depuis l'arrêt en septembre 2004 de l'approvisionnement du secteur agricole à partir des deux ouvrages hydrauliques, suite à une décision du ministère des ressources en eau. La priorité est donnée à l'alimentation en eau potable des populations du chef-lieu de wilaya et d'une dizaine d'autres localités situées le long du réseau de distribution, telles que Chettia, Ouled Fares, Sidi Akkacha, Abou El Hassen et Ténès. Même dans ce cas précis, les gestionnaires du secteur ont eu également recours à la nappe phréatique pour renforcer la dotation journalière des habitants en prévision de la saison des grandes chaleurs. L'opération est en cours et porte sur la réhabilitation des anciennes canalisations et stations de pompage situées à Lard El Beida, à la limite entre Chlef et Chettia. « C'est un appoint important qui nous permettra de satisfaire largement la demande sans cesse croissante et éviter ainsi d'éventuelles mauvaises surprises compte tenu des faibles apports enregistrés sur les deux barrages », souligne le même responsable. Confrontés au même problème, les irrigants vont devoir eux aussi compter sur leurs propres forages pour sauver la saison agricole du moins pour ceux qui en possèdent. Certains spécialistes n'écartent pas un rabattement de la nappe et une contamination aux pesticides en raison d'une surexploitation des ressources.