Une vague de tension règne sur la ville de Ouargla où les jeunes de Saïd Otba menacent de représailles après le décès tragique de Abdallah Qbili, inhumé avant-hier au cimetière de Saïd Otba Est. Le jeune Abdallah Qbili est non seulement ajouté à la liste de victimes de l'injustice et de l'exclusion après l'échec de tout dialogue constructif avec les responsables, mais il surplombe cette liste par le fait même de sa mort dramatique. Saïd Otba a rendu un hommage solennel à son fils, où une atmosphère de tension régnait hier, si bien que le cortège du wali venu présenter ses condoléances à la famille a été bombardé de pierres, le poussant à quitter les lieux en urgence. Feu Abdallah est décédé dimanche dernier à l'âge de 30 ans après s'être immolé par le feu devant la direction d'emploi de Ouargla pour protester contre la discrimination et «la hogra» dont il se disait victime. Il a quitté une famille nombreuse consternée par sa mort. C'était, selon ses proches, une personne très ambitieuse qui a obtenu son baccalauréat pour poursuivre des études universitaires en droit, avec un certificat d'aptitude à la profession d'avocat (Capa). Il a travaillé presque deux ans à la direction des impôts de Ouargla sous le régime du DAIP, et son contrat n'a pas été renouvelé comme stipulé par le dispositif qui intègre les jeunes pour une courte durée avec un salaire de misère et les éjecte ensuite. Le retour au chômage a été un déclic pour lui. Il a, en vain, tenté d'arracher un poste d'emploi. Rentré en phase de protestation et de confrontation avec l'administration, il avait activement participé au sit-in de deux mois qui a été organisé par une dizaine de chômeurs devant le siège de la wilaya. Suite aux promesses de l'ANEM de lui octroyer un bulletin d'embauche, il s'est écoulé cinq mois avant le jour fatidique de l'immolation. Le père de la victime, un ancien combattant de la guerre israélo-arabe en 1968, est inconsolable et exprime une amertume profonde devant la tournure des événements. «Ce qui nous blesse le plus, dit-il, c'est l'impuissance et l'absence des autorités qui laissent faire et la situation s'enliser, et c'est pour cette raison que nous exigeons une enquête sur cette affaire qui est plus qu'un simple incident ou un suicide, je ne pardonnerai jamais le geste du directeur d'emploi.»