Ces deux édifices inachevés ont été transformés en lieux de débauche et de beuverie. Vols par effraction, agressions à main armée, tapage nocturne…, le site AADL Mokhtar Zerhouni (Les Bananiers) s'est dégradé quelques années seulement après sa livraison. La cause : des carcasses de tours inachevées squattées par de jeunes délinquants. «Des locataires ont été agressés à l'intérieur des ascenseurs des immeubles. Des appartements ont été forcés. Des dizaines de véhicules ont été volés cette année et les années précédentes. Les locataires ne se sentent plus en sécurité chez eux. Les jeunes, qui se replient dans les locaux du rez-de-chaussée et les sous-sols de l'immeuble en chantier se comportent comme de petits caïds», constate amèrement un locataire de l'immeuble n°15 de cette cité (partie Cosider). Les résidants mettent en cause le travail de l'agence, qui a engagé des gardiens d'immeuble, comme stipulé dans le cahier des charges, retiré étrangement du site Internet de l'agence. «Les jeunes se retrouvent de jour comme de nuit dans ces carcasses de deux niveaux, où ils amènent des filles. Ils n'ont aucun respect des voisins qui ne peuvent pas réagir à leurs provocations», signalent les locataires qui ont alerté les policiers de la cité, sans les faire vraiment réagir. Un fait a jeté la panique parmi les résidants. «Un enfant a été traîné par un adolescent dans la carcasse. Une femme qui regardait la scène de son balcon était horrifiée, mais elle n'a pas alerté la police, ce que ses voisines lui ont reproché. Nous craignons pour nos enfants. Il faut une réaction ferme des autorités», insiste une habitante de la tour n°23. L'agence a pris la peine de clôturer l'assiette, sans réussir néanmoins à rassurer les riverains. «Les barricades arrangent ces voyous, puisque personne ne les gêne. L'AADL s'empresse seulement d'empocher les charges locatives. En 5 ans, les habitants d'une tour, située en face de la carcasse, ont versé plus de 8 millions de dinars. Nous payons sans rouspéter, mais notre sécurité n'est jamais assurée par des agents qui disparaissent la journée sans laisser de trace. Pourtant, l'une des tâches de ces gardiens, est de surveiller le mouvement des personnes étrangères à la cité. Nous, on en voit toujours, mais il se trouve qu'ils ne sont jamais inquiétés», constatent des résidants qui ont réclamé à cor et à cri l'affectation de cet endroit à un autre projet ou carrément sa démolition. Le plan de masse de la cité Mokhtar Zerhouni, dont nous détenons une copie, comprenait les deux tours inachevées (T25 et T26 de l'îlot 6, construit par Cosider). La cité a été livrée en 2006, sans ces deux immeubles «déplacés» dans un autre endroit du site 1574 Logements. Quelques années après, l'APC de Mohammadia fait son apparition et décide d'y construire, semble-t-il, une crèche, mais les ouvriers ont vite arrêté le chantier. «L'AADL aurait décidé de poursuivre en justice l'APC de Mohammadia. L'affaire suivrait toujours son cours, c'est ce qu'on a appris par ouï-dire. Les travaux de terrassement de l'APC menacent toujours les fondations de la tour 23. L'APC de Mohammadia et l'AADL doivent nous dire quelle est la nature juridique de la terrasse et de tout le site», souhaitent les locataires acquéreurs. Et de poursuivre : «Des études bâclées sont lancées avant le démarrage des travaux. Mais, comble de l'ironie, l'AADL s'aperçoit quelques mois après qu'il y a un problème. Le risque pèse toujours sur les habitants de l'immeuble 23 de 17 étages.» Ni l'APC de Mohammadia ni l'AADL, sollicitées durant plusieurs jours n'ont voulu répondre à nos sollicitations.