En décernant le prix Grinzane Cavour, pour la section littérature étrangère, institué en 1981 par la fondation culturelle CRT, financée par la Caisse d'épargne de Turin, à l'Algérienne Assia Djebbar, c'est la littérature algérienne qui reçoit, en quelque sorte, une reconnaissance italienne. C'est de bon augure pour nos auteurs qui ont été boudés pendant les décennies passées, surtout ceux qui écrivent dans la langue française. En effet, seuls deux noms emblématiques de la littérature algérienne, comme Rachid Boudjedra et Assia Djebbar, ont échappé à cet ostracisme, qui a fait qu'un grand écrivain comme Mohammed Dib, ne soit traduit et publié, qu'il y a deux ans, par une petite maison d'édition, présente depuis peu sur le marché de l'édition, Epoqué, et qui vient de publier La Grande Maison, L'Incendie et compte distribuer d'autres œuvres de M. Dib. Le roman de Boudjedra, Les Funérailles, a été également traduit par cette maison d'édition sous le titre Cerimoniale. L'autre belle initiative de Epoqué est d'avoir publié Le Cercle des représailles de Kateb Yacine, lui aussi méconnu des lecteurs italiens. D'autres écrivains qui se sont fait connaître en exil, comme Malika Mokaddem (en France) ou Mohamed Magani (Allemagne), ont pu, eux, se faire traduire en italien. La cérémonie de la remise du prix Grinzane Cavour a eu lieu, samedi passé, au théâtre Carignano de Turin, en présence de Assia Djebbar et des autres écrivains récompensés. Le jury, constitué de noms célèbres de la littérature contemporaine, comme Luis Sepulveda, le Suédois Bjorn Larsson, le Marocain Tahar Ben Jelloun et l'Italien Vincenzo Cerami, a décerné, par ailleurs, le prix Grinzane Cavour du roman italien à Tullio Avoledo, à Silvia Di Natale et à Silvana Grasso. Une vingtaine de femmes arabes écrivains, telles l'Irakienne Aliya Mamdouh, l'Egyptienne Radwa Ashour ou la Libanaise Hoda Barakat, ont été invitées pour participer à une table ronde « Ecriture dévoilée, paroles et femmes du Maghreb à l'Iran », qui a précédé la cérémonie de remise des prix. Les responsables de la fondation CRT ont décidé de remettre leur prix spécial pour les 25 ans de l'existence du Grinzane à la Guatémaltèque, prix Nobel pour la paix en 1992, Rigoberta Menchu, pour son témoignage recueilli dans son autobiographie traduite en italien sous le titre Je m'appelle Rigoberta Menchu.