Menée conjointement par le MSP et le chef terroriste repenti Madani Mezrag, une large offensive s'attelle, depuis quelque temps, à pousser à un retour en force de l'islamisme au sein de la société et du champ politique. Un trophée déjà, la décision du ministre de l'Education de relever les horaires de l'éducation religieuse à l'école, au collège et au lycée. Une mesure qui couronne une longue mais acharnée campagne de discrédit du travail de la commission de réforme de l'école conduite par Benzaghou, qui avait préconisé, en son temps, de rompre au maximum avec tout ce qui s'apparente à de l'idéologie et de privilégier la science dans les programmes d'enseignement. Madani Mezrag tente aujourd'hui de changer l'image du terroriste algérien de la décennie 1990 pour en effacer les côtés sanguinaires et fanatiques et leur substituer ceux, valorisants, de « djihadistes » et de « défenseurs » des faibles. Il est en plein dans la mise en œuvre de la « réconciliation nationale ». Dans la lancée, il tente de réhabiliter le travail de l'ex-FIS et de son bras armé, l'AIS, provoquant les pouvoirs publics en annonçant la mise sur pied d'un parti politique dont il sait qu'il va leur causer une gêne considérable car plusieurs projets de création de formations politiques dorment dans les tiroirs. Mais son initiative n'est pas tellement d'obtenir un bout de papier mais de contribuer à brouiller les cartes afin de pousser le président de la République à opérer les changements imposés par l'esprit et la lettre de la « réconciliation nationale ». Exactement comme le fait Bouguerra Soltani qui n'arrête pas de tirer à boulets rouges sur l'« Alliance présidentielle », visant en cela le RND et Ouyahia, haïs car jugés plus proches des patriotes que des islamistes. Ce que plaide également Belkhadem, secrétaire général du FLN, qui s'acharne également à demander une révision de la Constitution et l'intégration d'un poste de vice-Président. Une proposition que vient de reprendre à son compte, dans sa déclaration, Madani Mezrag, dont personne ne doute qu'il ne parle qu'en son nom. Aux yeux de tout ce beau monde, la fonction de vice-Président reviendrait « naturellement » au camp islamiste, dans l'esprit et la lettre de la « réconciliation nationale ». Et le fait que Belkhadem édulcore sa doctrine de nationalisme ne gêne nullement, l'essentiel étant qu'il soit islamiste. Et tous montrent du doigt leur cible privilégiée, ces « éradicateurs occidentalisés » qui, dans la littérature islamiste, signifient l'ensemble des démocrates, des républicains, de modernistes, des patriotes ; bref, toute cette résistance des années 90 qui, visiblement, devient pestiférée, à l'ombre de la « réconciliation nationale ».