De nombreuses personnes handicapées ne sont pas déclarées aux services concernés à Bouira et des dizaines d'enfants ne sont pas scolarisés. Les personnes handicapées vivent un quotidien des plus amers. Outre la médiocre pension que leur verse l'Etat, parfois avec de grands retards, le handicapé et particulièrement l'enfant, souffre énormément du regard de l'autre. Pour les non-voyants ou les handicapés moteurs, le calvaire est le même. Dans la wilaya de Bouira, plusieurs personnes souffrant d'handicap ne sont pas encore déclarées aux services concernés. Pis encore, certaines personnes handicapées sont enfermées à la maison de peur qu'elles s'égarent. Il est à noter que dans ce cas, l'on déplore surtout l'absence des statistiques. L'union de wilaya des handicapés moteurs de Bouira, par le biais de sa présidente, Naima Mâarfi, tire la sonnette d'alarme et appelle les familles à déclarer aux services concernés leurs enfants souffrant d'handicap. La présidente de l'association affirme que plusieurs handicapés moteurs, surtout des enfants, ne sont pas pris en charge comme il se doit par leurs familles. «Ce phénomène existe encore parce qu'il n'y a aucun travail de sensibilisation», souligne la présidente. Pour tenter d'améliorer la condition de vie d'un handicapé, l'association travaille d'arrache-pied. Pour que la personne handicapée trouve sa place dans la société, le travail doit commencer par la famille et depuis l'enfance. Les parents doivent orienter l'enfant de manière à ce qu'il dépasse son infirmité. «Nous demandons à ce que les parents prennent en considération le handicap de leurs enfants. Aussi, ils doivent l'accompagner et l'orienter pendant les premières années de sa vie afin qu'il puisse, une fois atteint l'âge adulte, s'intégrer facilement dans la société», explique-t-elle. Et d'ajouter : «Le seul appui pour l'enfant handicapé, c'est la famille. C'est la raison pour laquelle nous insistons sur le fait que la sensibilisation doive commencer de prime abord par les parents». Par conséquent, Mme Mâarfi dit avoir remarqué un taux élevé de cas de dépressions parmi les handicapés moteurs, en raison de l'absence d'une prise en charge psychologique. De leur côté, les non-voyants attendent toujours que leur situation s'améliore. À commencer par la scolarité des enfants, Akkouche Abdelkrim, président de l'association nationale des personnes non-voyantes «El Irada» (Volonté), a affirmé qu'à Bouira il y a plusieurs dizaines d'enfants non-voyants qui ne peuvent pas aller à l'école parce qu'issus de familles pauvres. «Il y a des familles démunies qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants poursuivre leurs études à l'école des non-voyants de Bordj Mnail (Boumerdès).C'est pour cette raison qu'on demande aux autorités locales d'ouvrir une école pour les non-voyants à Bouira», souligne M. Akkouche. Ainsi, l'un des problèmes auxquels font face les non-voyants est le sous-emploi. Plusieurs personnes diplômées n'ont pas encore décroché un poste d'emploi. «Le chômage touche une plus grande partie des personnes non-voyantes, les pouvoirs publics doivent réagir vite et ouvrir des postes d'emploi pour permettre à ces personnes de subvenir aux besoins de leurs familles», a-t-il noté. «Nous attendons toujours que le premier responsable de la wilaya nous reçoive. La demande lui a été remise il y a deux années et aucune suite ne lui a été accordée», ajoute Akkouche Abdelkrim. Faut-il souligner que le bureAau de cette association qui se trouve à l'ancienne gare routière de Bouira est dans un état lamentable. Ainsi, les handicapés moteurs et non-voyants demandent une meilleure accessibilité dans les institutions, les espaces publics et les transports.