La gestion et la distribution des logements socio-participatifs (LSP) ne seront plus confiées aux présidents d'Assemblée populaire communale (APC). C'est que nous avons appris, jeudi, du maire d'une commune d'Alger appartenant au Rassemblement national démocratique (RND). Cette information va certainement réjouir de nombreux postulants et futurs bénéficiaires qui n'auront plus à subir les dépassements de certains élus. Selon la même source, les postulants aux logements LSP devront désormais s'adresser aux promoteurs chargés par l'Etat de la réalisation de ces programmes. Ces constructeurs seront appuyés par les services de l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), dépendant directement du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme. Ces nouvelles procédures devraient être instituées dans le cadre de la future loi de finances complémentaire 2010, a-t-on également indiqué. Selon notre source, il s'agit de mesures importantes, dont l'application a été dégagée expérimentée dans certaines wilayas du pays, notamment en Kabylie où des promoteurs étaient désignés pour recevoir des dossiers de postulants sans pour autant passer par les services de l'APC ou des daïras. Toutefois, cette information a surpris certains élus de la wilaya d'Alger que nous avons tenté hier de faire réagir. «Les pouvoirs publics veulent dépouiller les P/APC de tous les pouvoirs et prérogatives. Dans le cadre du projet de code communal, on prévoit également des dispositions particulières sur les missions d'un maire. Des mesures qui ne sont pas du tout rassurantes, a tenu à souligner Merzouk Lakrouz, président de l'Assemblée communale de Rouiba, souligant que «les réformes entreprises dans le cadre des lois de finances vont à contre-sens de la volonté du peuple». «Je ne suis pas au courant de ces dispositions sur le LSP, mais je dois vous dire qu'il y a plutôt lieu de donner plus de prérogatives au maire, notamment dans la réalisation de logements sociaux et promotionnels», a ajouté le P/APC de Rouiba issu du parti du Front des forces socialistes (FFS). Un élu RND de l'APC Alger-Centre, M. Bettache, se dit également surpris par cette décision. Son assemblée a lancé un programme de 1000 logements LSP dans la commune de Saoula, sur les hauteurs d'Alger. «Nous sommes en train de revoir les dossiers des postulants, car la nouvelle loi exige des salaires de 24 000 à 72 000 dinars le ménage pour le LSP et moins de 24 000 dinars pour le social», confie-t-il, craignant la remise en cause de cette démarche, sachant que le terrain affecté à ce projet à été acquis par les moyens financiers propres de l'APC d'Alger-Centre. Les réactions de ces élus montrent à quel point les dossiers du logement et de terrains fonciers sont sensibles et stratégiques. Au niveau de la wilaya d'Alger, le directeur du logement, Smaïl Mohamed, contacté hier, affirme ne pas être informé de ces nouvelles procédures. Les malversations à l'origine de ce changement Selon certains postulants au programme LSP, des malversations ont été constatées dans les attributions de logements, notamment dans les grandes villes, où des citoyens ont dû payer quasiment des commissions de l'ordre de 1 million de dinars dans le seul but de figurer sur la liste de bénéficiaires. L'existence de ces pratiques est liée en fait aux conditions d'organisation du secteur de l'habitat en Algérie. Malgré le soutien de l'Etat assuré à certaines catégories, le marché de l'immobilier demeure miné par la spéculation et les prix dépassant tout entendement, ce qui encourage à plus d'un titre la corruption à grande échelle. Dans les formules d'accès à la propriété, soutenues et aidées par l'Etat, le bénéficiaire reçoit une aide plafonnée à 700 000 dinars et les promoteurs privés ou publics accèdent au foncier à des prix symboliques, mais le marché immobilier reste désorganisé et obéit aux lois du plus fort. Sur ce plan, le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, a affirmé mardi dernier que les pouvoirs publics s'emploient dans le cadre du projet de la loi de finances 2010 à une série de mesures pour rendre solvable le citoyen afin qu'il accède au logement sans pour autant indiquer les dispositions prises en ce sens.