Cette interdiction n'inclut pas le droit à l'adhésion, mais l'accession aux instances dirigeantes du parti. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a réitéré, hier, devant les sénateurs, la détermination des autorités à empêcher le retour du parti dissous (ex-FIS) sur la scène politique. «Cette décision est purement politique. Elle vient compléter la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il est interdit dans la nouvelle loi à travers l'article 4 aux responsables de la tragédie nationale d'exercer une activité politique», a soutenu le ministre à l'issue du débat autour du projet de loi sur les partis politiques au Conseil de la nation. Seulement au-delà de cette position politique, l'article 4 demeure toujours ambigu. Invité justement à donner de plus amples clarifications sur notamment la disposition relative à «l'interdiction à toute personne responsable de l'exploitation de la religion, à l'origine de la tragédie nationale, de constituer un parti politique ou de participer à sa formation et à ses instances dirigeantes», le ministre a souligné que cette interdiction n'inclut pas le droit à l'adhésion, mais l'accession aux instances dirigeantes du parti. Dans ce cas de figure, comment Ould Kablia compte-t-il s'y prendre pour empêcher ces personnes d'accéder au sommet des responsabilités dans un parti politique ? Le ministre réplique en indiquant que les changements qui surviennent dans l'organisation des instances dirigeantes et leur composition sont notifiés au ministre de l'Intérieur pour prendre des décisions à leur sujet, et ce, conformément aux dispositions de cette loi. Si l'on se réfère donc aux propos du ministre, il s'agit là, ni plus ni moins, d'ingérence dans les affaires internes d'un parti. Et de quel droit l'administration se permet-elle de s'immiscer dans les affaires internes d'une formation politique ? Selon certains observateurs, le pouvoir n'a pas tranché définitivement cette question, «soit il interdit toute activité politique à ces personnes impliquées dans les actes terroristes, soit il les autorise car elles ne sont pas déchues de leurs droits civiques et politiques. L'Etat doit assumer ses responsabilités et jouer la transparence à ce sujet», note un parlementaire. Interrogé sur le sort réservé aux dirigeants de l'ex-FIS qui continuent à faire des déclarations à partir de l'étranger, le ministre a eu pour réponse : «Si ces personnes touchent à la souveraineté nationale ou à la stabilité du pays, elles tomberont sous la coupe des dispositions du code pénal et seront sanctionnées à cet effet», estime le ministre. Des étrangers pour surveiller les élections Concernant la création de nouveaux partis politiques et l'impossibilité pour certains de participer aux prochaines élections législatives en raison de la lenteur dans la délivrance d'agrément, le représentant du gouvernement a révélé que pas moins de 15 nouvelles formations ont déposé une demande d'agrément alors que «certains qui avaient des intentions de créer des partis se sont rétractés, après s'être rendus compte qu'ils ne pouvaient pas aller jusqu'au bout de leur démarche», affirme le ministre en promettant l'examen, minutieux et dans les plus bref délais, de ces dossiers. Interrogé sur la possibilité pour ces formations d'être au rendez-vous lors des élections qui auront lieu au printemps, le ministre a eu une réponse vague : «Si elles ont des dossiers complets, pourquoi pas ?» En marge des travaux du Sénat, le ministre a affirmé que l'ensemble des textes réglementaires liés aux élections législatives, entre décrets présidentiels et arrêtés ministériels, seront prêts dans une quinzaine de jours. Par ailleurs, M. Ould Kablia a émis le souhait de voir le maximum d'observateurs étrangers venir en Algérie pour la surveillance des élections. «Nous espérons que les organismes internationaux sollicités envoient le maximum possible d'observateurs», a-t-il souligné.