Dans le cadre des projets structurants, la wilaya d'Alger connaîtra, dans les années à venir, de grands aménagements urbains. Depuis quelques années, des BET nationaux planchent aux côtés de deux grands BET internationaux, Parquexpo (Portugal) et Charpentier (France) sur des projets d'envergure qui seront établis sur plusieurs phases et donneront ainsi, d'ici 2030, un visage hospitalier à la capitale en termes d'harmonie du tissu urbain, de réhabilitation du centre historique, de macromaillage des transports en commun, d'aménagement de la baie d'Alger, de réalisation d'un port en eaux profondes auxquels s'ajouteront le plan lumière, la ceinture des agriparcs et autres allées de promenade sur le front de mer, etc. Ce sera l'éco-métropole méditerranéenne, à l'image de Barcelone ou de Marseille, apprend-on d'un des responsables de la wilaya. Ainsi, grâce à une mobilisation financière conséquente estimée à plus de mille milliards de dinars, la mégalopole s'affranchira de son look lugubre et pourra quitter le piètre rang de ville qui végète – selon la dernière étude publiée en 2010 par The Economist Intelligence – dans les profondeurs du classement des mégalopoles où il fait bon vivre sur notre planète Terre. Car le statut de la capitale El Djazaïr ne cesse de se déliter pour épouser les contours d'une gestion apathique et ce, au fil des années qui ont suivi l'indépendance. Autrement dit, depuis cinquante bonnes années, la brochette de walis qui se sont succédé à la tête de la wilaya n'ont jamais réussi à donner une image digne d'une «âssima». Mieux encore, et n'ayons pas peur des mots et du constat amer : Alger se rurbanise. Désordre sur la voie publique, informel bouffant l'espace commun, urbanisme qui échappe aux règles de construction et lits d'oued squattés, travaux de voirie exécutés de manière expéditive et viciée, services d'administration publique «carrés», transport en commun privé qui assure les rotations au gré de son humeur, collectivités locales amorphes, Epic qui se jettent la responsabilité et surtout cet incivisme de l'administré qu'illustre l'anarchie des dépôts de détritus et monticules de gravats qui font partie, de jour comme de nuit, de nos paysages urbains et suburbains. Arpenter un trottoir sans être surpris par des tas d'ordures ou un chantier abandonné ayant les tripes en l'air est exceptionnel ! La chaussée dont l'épaisseur du bitumage dépasse la hauteur du trottoir mal revêtu est le propre des rues d'Alger. Les crevasses, excavations, nids-de-poule et… d'autruche font partie aussi de notre décor au quotidien. Hormis certains quartiers juchés sur les hauteurs d'Alger qui laissent apparaître du clinquant, pour des raisons évidentes, le reste des zones du tissu urbain est, au risque de nous répéter, pitoyable. Et l'on ne s'échine à mettre tout son beau monde au travail que l'espace d'un événement ou à l'occasion d'une visite d'officiels étrangers. Comme quoi, Alger nous rappelle cette femme qui refuse de se faire belle devant son mari tout en s'évertuant à se mettre sur son trente-et-un pour plaire aux autres.