Alger ronge son frein. Se morfond. Se décatit. Elle n'arrive pas à se hisser au statut digne d'une capitale. Nous ressassons les tares à longueur de colonnes, les gestionnaires continuent à nous livrer le fruit de leur incapacité. Alger…la Blanche, vient, selon une étude britannique spécialisée parue le mois en cours, dans la revue britannique The Economist, de se voir, une nouvelle fois, classer parmi les mégalopoles les plus inhospitalières dans le monde. L'enquête range notre cité « non grata » à la 138e place, soit dans les trois dernières loges du classement sur la base d'un nombre d'indicateurs où la qualité de vie est jaugée et évaluée sur tous les plans : environnement, services publics, loisirs et autres infrastructures de base. Une étude qui fait porter le bonnet d'âne à une ville qui se « rurbanise » au fil des ans, en la mettant au coin du mur. Ce très médiocre score a fait faire la moue dubitative à des gestionnaires qui tentent de nous faire croire que l'enquête est manipulée. Qu'on a volé des points à Alger pour les rajouter à … Vancouver, là où l'atmosphère est plus conviviale. A l'image d'un élu qui, sur les ondes d'El Bahdja, affirmait, il y a trois ans, avec outrecuidance, que Alger est plus propre que Naples. Nenni. Et trois fois nenni ! Faire trente mètres le long d'une artère au cœur d'Alger, sans être agressé par des odeurs nauséabondes que génèrent l'éclatement des canalisations des eaux usées, relève du miracle ! Arpenter un trottoir sans être surpris par des tas d'ordures ou un pan de chaussée ayant les tripes en l'air, est exceptionnel ! La chaussée dont l'épaisseur du bitumage dépasse la hauteur du trottoir mal revêtu est le propre des rues d'Alger. Hormis certains quartiers juchés sur les hauteurs d'Alger qui laissent apparaître du clinquant, pour des raisons évidentes, le reste des zones du tissu urbain est, au risque de nous répéter, pitoyable. Les crevasses, excavations, écrans de poussière font partie de notre décor au quotidien. Les travaux de voirie viciés exécutés par des entreprises de copinage non qualifiées ne font pas bouger le maître d'ouvrage. Je préfère me taire sur le service de transport anarchique ou ce chauffeur de taxi qui vous conduit là où il veut… L'on ne daigne sortir de nos gonds qu'à l'approche d'une manifestation politique ou culturelle pour se rendre compte que rien ne va plus... On commence alors à s'escrimer, pour mettre, l'espace d'un événement, les Epic au travail. Une fois les lampions éteints, on renoue avec nos vieux réflexes. On rentre en hibernation. « Oui, Alger nous rappelle cette femme qui refuse de se faire belle devant son mari tout en s'évertuant à se mettre sur son trente et un pour plaire aux autres », me lance mon ami Redouane. En attendant, préparons-nous à accueillir nos hôtes africains...