Les assises nationales de la société civile ont pris fin vendredi. Après plus de six mois de «concertation» menée par le Conseil national économique et social (CNES), les participants débouchent sur une série de recommandations qui visent à répondre aux prégnances économiques et sociales ayant marqué le contexte national depuis le début de l'année écoulée. Comme première recommandation, le renforcement des dispositifs de prévention et de lutte contre la corruption à différents niveaux. Un phénomène qui prend de l'ampleur et qui tend ses tentacules sur le pays. Il appelle à renforcer le rôle des principales institutions de contrôle en les dotant de capacités réelles et opérationnelles et en faisant participer les acteurs de la société civile par la mise en œuvre d'un programme de soutien en leur direction. Les participants ont préconisé également de lutter contre la corruption au niveau des fonctionnaires et agents de l'Etat par la prise en charge et la mise à l'abri de cette catégorie afin de lui assurer une meilleure «préservation contre les tentatives de corruption». Ils ont proposé l'augmentation des dotations annuelles des programmes communaux de développement et d'en mettre en place une spéciale aux walis pour faire face à des situations d'urgence, notamment celles liées à la santé publique et à l'environnement. Autre recommandation : la création d'entités interwilayas pour «permettre une meilleure application des programmes de développement communs à plusieurs wilayas relevant d'une même région». Les participants à ces assises estiment impératif d'instaurer «une démocratie participative», afin de préserver la stabilité du système politique et éviter tout changement cataclysmique. Gestion autonome Pour ce faire, il faudra assurer une meilleure coordination entre l'administration, les collectivités locales et la société civile, tout en œuvrant à équilibrer la représentation de la société. Aussi, les participants ont appelé le gouvernement à clarifier les missions, les compétences et les responsabilités dévolues aux administrations centrales, locales et aux élus locaux, mais à donner également aux collectivités locales les moyens d'accomplir pleinement leur mission et de former les cadres et élus locaux à la conduite participative de la gestion des affaires locales. Des moyens jugés «dérisoires» et en deçà des besoins des collectivités locales. Autres impératifs : garantir une gestion autonome du budget de la collectivité locale par l'Assemblée populaire de wilaya, impliquer les assemblées élues dans les projets sectoriels et les programmes communaux de développement, et clarifier les missions et les responsabilités des assemblées élues et des pouvoirs exécutifs. L'accent a été également mis sur la nécessité d'améliorer la situation des collectivités locales à travers la révision des primes des élus locaux et de la grille des salaires des employés municipaux. Ces recommandations ne peuvent qu'être louables, si seulement elles se traduisaient sur le terrain. Mais les participants n'ont pas caché leur appréhension quant à la mise en application de toutes ces recommandations par le gouvernement. Pour le vice-président du CNES, Mustapha Mekideche, les recommandations de cette concertation nationale sont «très pertinentes» et permettront, une fois mises en œuvre, «une amélioration de la gouvernance locale». M. Mekideche a affirmé qu'une plus grande implication de la société civile dans la prise de décision conduirait au renforcement et à la mise en valeur de l'avancée considérable enregistrée ces dernières années dans le domaine du développement local. Le journaliste et universitaire Amar Belhimer, a indiqué que l'utilité première de l'exercice consultatif que vient de clore le CNES réside dans «la relance de la réforme de l'Etat en termes de déclinaison territoriale». «Il faut dire, à titre de témoignage, que les recommandations de la commission de réformes, présidée par Missoum Sbih, n'ont connu depuis 2001 que peu d'échos et de mise en œuvre», a souligné M. Belhimer, regrettant cependant que l'aisance financière du pays procurée par l'accroissement des recettes pétrolières a plutôt favorisé un climat de stagnation économique et sociale. En lançant en mai dernier ces assises, le CNES disait qu'il voulait asseoir une approche totalement rénovée pour ce qui est des problématiques objet de la concertation, et singulièrement celles comportant des enjeux stratégiques de portée structurante. Par ce travail de concertation, il voulait contribuer à l'approfondissement des réformes structurelles adossées à une «transition systémique non cataclysmique». Ces recommandations seraient-elles suffisantes pour éviter un éventuel cataclysme politique et préserver l'Algérie des bouleversements que connaissent plusieurs pays arabes ? Difficile de parier, tant les recommandations du CNES ont été rarement suivies d'application.