Près de 900 emplois directs et 3000 indirects risquent de disparaître, à en croire les opérateurs qui appellent à l'arbitrage du ministre de l'Energie et des Mines. D iktat et chantage. C'est en ces termes que les opérateurs, activant dans l'enfûtage du gaz butane GPL en bouteilles spécifiques de 13 kg, dénoncent la nouvelle attitude de Naftal qui, depuis le 1er janvier 2012, a cessé de les approvisionner en gaz butane. D'une durée de 4 ans, les contrats de location de bouteille de gaz butane, étant arrivés à expiration le 31 décembre 2011, Naftal a sommé ces opérateurs de s'astreindre à de nouvelles conditions, particulièrement celle de «louer des bouteilles de gaz butane appartenant aux consommateurs». Les opérateurs privés répliquent : «La bouteille en question est en réalité la propriété du citoyen (....) La location n'étant pas une consignation, laquelle obéit à une règle précise, à savoir que le consommateur dispose, à défaut de retour de l'emballage au propriétaire, d'un bien acquis du seul fait que le montant de la consignation reflète un prix de vente.» Sayeh Hamid, secrétaire général chargé de l'organique à la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), à laquelle sont affiliés 12 emplisseurs privés, a indiqué, hier lors d'un point de presse tenu à Alger, que les réunions avec les dirigeants de Naftal n'ont abouti à aucun résultat concret. En application des contrats de location, Naftal a engrangé 200 milliards de centimes. M. Sayeh a souligné que ces contrats représentent 15% du chiffre d'affaires des opérateurs privés et 46% du bénéfice brut, sans compter les différentes taxes fiscales auxquelles sont soumis ces emplisseurs, dont la taxe sur profits pétroliers qui représente 76% du prix de la production. En outre, M. Sayeh a relevé une autre «anomalie» qui réside dans la fréquence des rotations de la bouteille B13, déterminée «unilatéralement» par Naftal qui est de 10 rotations par an, soit une longévité de 33 jours de la bouteille. Les opérateurs d'enfûtage privés y voient «une aberration». Pour sa part, Naftal accuse ces opérateurs, selon ses dires, de «ne pas respecter les règles commerciales et de sécurité et de faire des avantages colossaux ainsi que la détérioration du stock B13». Des reproches qu'ils rejettent en bloc. Les opérateurs accusent Naftal de fouler aux pieds les instructions du ministre de l'Energie qui avait exhorté les deux parties à trouver une solution à ce différend. «Le ministre a donné des consignes et Naftal ne veut pas les appliquer», répond un opérateur peiné. En guise de solution de rechange, il semble que Naftal leur a proposé une formule dite de «processing». «Nous rejetons tous cette proposition puisque c'est une ingérence. Ils veulent faire de nous des prestataires de services, alors que nous avons nos infrastructures et nos réseaux», estiment-ils. Résultat des courses : la mise à l'arrêt de ces centres d'enfûtage risque d'engendrer une pénurie de gaz butane dans les zones rurales, avertissent les opérateurs. «Est-ce que Naftal a les capacités de subvenir aux besoins des ménages ? Prendre en otages les citoyens est grave. Naftal doit assumer ses responsabilités», dénonce un autre opérateur. Actuellement, les investissements de ces opérateurs, réalisés grâce à des crédits bancaires, se retrouvent bloqués. Et ce sont également près de 900 emplois directs et 3000 indirects qui risquent de disparaître, à en croire les opérateurs qui appellent à l'arbitrage du ministre de l'Energie et des Mines, premier responsable du secteur. Seul opérateur public sur le marché, Naftal accapare 80% des parts de marché, le reste étant partagé par le privé.