Venus de plusieurs régions du pays, 14 emplisseurs privés ont tenus deux rencontres à Alger durant la semaine avec des responsables de Naftal. Les opérateurs privés agréés par les centres d'enfûtage de gaz butane sont dans le désarroi. Depuis le 1er janvier 2012, ils sont en arrêt de travail. La raison ? «Naftal a arrêté de les approvisionner en gaz butane», confie Hamid Sayeh, secrétaire général de la Confédération générale des entrepreneurs algériens, à laquelle sont affiliés les 14 emplisseurs privés. Selon lui, Naftal a voulu édicter de nouvelles conditions dans les contrats de location des bouteilles de gaz butane, arrivés à expiration le 31 décembre 2011. «Naftal a voulu augmenter la taxe de location et obliger les emplisseurs à acheter ses propres bouteilles de butane», ajoute notre interlocuteur, joint hier par téléphone. Et de rappeler que les rotations ne dépassent pas 30 000 bouteilles pour chaque opérateur. En vertu de cette taxe, chaque opérateur verse 33 milliards de centimes. Venus de plusieurs régions du pays, ces opérateurs ont tenus deux rencontres à Alger durant la semaine avec des responsables de Naftal. «Le ministre de l'Energie a exhorté les deux parties à trouver une solution. Mais, nous nous retrouvons dans l'impasse», déplore M. Sayeh. Nombre d'opérateurs privés des centres d'enfûtage sont sortis déçus de ces réunions. «On ne comprend pas comment on peut arrêter de la sorte l'approvisionnement en gaz butane. Pourtant, nous avons respecté nos cahiers des charges. Lors de la dernière réunion (hier, ndlr), des dirigeants de Naftal nous ont affirmés que les bouteilles de gaz butane des citoyens sont la propriété de la société. Ce qui est aberrant», regrette M. Ouazane, un emplisseur du Sud. Selon lui, les 14 opérateurs privés ont déboursé, en application des contrats de location des bouteilles de gaz, environ 200 milliards de centimes versés dans l'escarcelle de Naftal. Révision des contrats Selon M. Sayeh, les contrats de location représentent 15% du chiffre d'affaires des opérateurs privés et 46% du bénéfice brut. D'après M. Ouazane, la décision de Naftal de réviser les contrats de location à sa guise viole la réglementation fiscale relative aux régimes d'emballage ainsi qu'un arrêté ministériel sur l'interchangeabilité. Egalement emplisseur, M. Hadj Brahim estime pour sa part que ce sont désormais les investissements des opérateurs privés qui sont hypothéqués. «Certains opérateurs n'ont pas encore payé leurs dettes. Comment allons-nous faire, maintenant que l'activité est à l'arrêt ? C'est aussi l'avenir des travailleurs qui reste incertain», regrette M. Hadj Brahim. Ces opérateurs déplorent les visées monopolistiques de la filiale de Sonatrach. «Naftal détient actuellement 80% des parts de marché. Et maintenant, elle veut nous mettre à genoux. Elle ne veut pas avoir affaire à des concurrents», fustigent-ils. L'arrêt de l'approvisionnement des 14 centres d'enfûtage se fait déjà sentir sur le circuit de distribution. «Le prix d'un bouteille de gaz butane a atteint 500 DA dans le centre et l'est du pays. Dans le Sud, elle est négociée à 350 DA. Si Naftal n'arrive pas à approvisionner les ménages, il y a risque d'émeutes en cette période hivernale», prévient M. Ouazane. «Le citoyen est le premier pénalisé. A Skikda, par exemple, le prix d'une bouteille de gaz butane a atteint 700 DA», rapporte M. Sayeh, affirmant que les investissements des opérateurs sont bloqués. Nos tentatives de joindre les responsables de la société Naftal ont été vaines. Les centres d'enfûtage de gaz butane ont été créés en 1997 dans le cadre de l'ouverture du secteur des hydrocarbures à l'investissement privé.