La maladie du président Bouteflika et ses développements rocambolesques ont levé une partie du voile de la mystification, largement véhiculée dans le monde, d'une Algérie normalisée et enfin sur la voie de la réconciliation », a déclaré le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, dans une allocution prononcée, lundi dernier, devant les membres du conseil de l'Internationale socialiste, dont la réunion s'est tenue les 30 et 31 janvier à Athènes (Grèce). Selon lui, la maladie de Bouteflika et toute la propagande ayant suivi, tout au long de son hospitalisation, ne répondent qu'à une logique : « Ce n'est pas tant que le régime de Bouteflika se soit soucié de perdre un président, c'est surtout que devant le risque du changement, le régime s'affole et n'a pas peur de recourir aux pires méthodes pour se maintenir. » Cet imprévu, en l'occurrence la maladie de Bouteflika, a-t-il estimé, a déstabilisé l'appareil de la propagande officielle qui s'est chargé de masquer les protestations sociales, les grèves, les émeutes, les manifestations violemment réprimées qui sont le lot quotidien des Algériens. Le président du plus vieux parti de l'opposition dira que cet événement a révélé la nature du pouvoir. « Pendant plus de cinq semaines, le pouvoir, qui ne sait fonctionner que par le mensonge et en se fabriquant des ennemis, a donné la pleine mesure de son archaïsme, de son mépris des faits et de la facilité avec laquelle il se meut dans la plus stalinienne des propagandes », a-t-il affirmé. Pour Hocine Aït Ahmed, l'Algérie n'est pas sortie encore de la zone de turbulences avec le retour de Bouteflika, en dépit des efforts déployés pour faire croire à une situation normalisée. « Il reste encore des missions à accomplir pour Bouteflika aux yeux de ceux qui l'ont porté au pouvoir : d'abord, le traité d'amitié avec la France sur lequel bien des candidats potentiels au TPI ont bâti la garantie de leur immunité. Ensuite, les textes qui doivent asseoir l'amnistie des criminels de guerre et le partage du pactole issu des hydrocarbures », a-t-il souligné. La succession de Bouteflika, selon lui, se prépare en douce. Toutefois, les décideurs, a-t-il ajouté, doivent prendre en considération, dans la préparation de cette succession, une population en rupture totale avec le pouvoir et ayant prouvé qu'elle n'est pas dupe lors du référendum du 29 septembre 2005. Il est à souligner que c'est la première fois, depuis l'annonce de la maladie du président Bouteflika, que le patron du FFS s'exprime sur la question et livre sa lecture par rapport à la situation politique du pays. Hocine Aït Ahmed a plaidé pour une unification du Maghreb. Une des conditions irrévocables pour le développement de la région et réaliser les espérances des populations. Un objectif qui, a-t-il soutenu, ne verra pas le jour sans la bonne gouvernance, l'Etat de droit, la transparence et l'obligation de rendre des comptes à des institutions légitimes.