De plus en plus d'hommes d'affaires se lancent dans le secteur des énergies renouvelables. Sid Ali Mokhefi est de ceux-là. Son entreprise, Edielec de droit algérien devrait dépasser le statut de start-up en mars avec l'inauguration de son unité de fabrication de panneaux photovoltaïques. Le challenge de l'usine est d'avoir un produit cent pour cent algérien avec des matériaux fournis par des entreprises locales, dont la Sonelgaz. Avant d'investir le marché naissant des énergies renouvelables, Edielec était spécialisée dans tout ce qui est lié à l'économie de l'énergie, dont l'éclairage public basse consommation. Encouragé par les discours des officiels algériens sur la promotion de la production nationale et des énergies renouvelables, Sid Ali Mokhefi décide de revoir sa stratégie de développement. Bien que l'industrie des énergies renouvelables n'en soit qu'à ses premiers balbutiements, il reste confiant. «On a décidé d'investir dans la réalisation d'une unité de panneaux solaires. La nouveauté avec ce panneau solaire c'est qu'il est recyclable à 100% et il est hybride. Il produit de l'électricité et en même temps de l'eau chaude et le chauffage. On va donc commencer par une unité de production de 12 mégawatts, soit l'équivalent de 54 000 panneaux à l'année», s'enthousiasme-t-il. Le cheminement stratégique de Sonelgaz vers les énergies renouvelables a été aussi l'un des facteurs déterminants dans la décision de réaliser cette unité. «Ce qui nous a encouragés, c'est le projet de Sonelgaz de fabriquer des panneaux solaires, mais surtout la cellule. Actuellement, le taux d'intégration pour notre usine est de 85 à90%. On a choisi des entreprises privées algériennes pour nous fournir les autres composants et on comptait importer la cellule, mais puisqu'elle sera fabriquée par Rouiba éclairage qui est une filiale de Sonelgaz, on aura donc un panneau solaire cent pour cent algérien», indique cet homme d'affaires non sans fierté. Mais le parcours vers la réussite est plutôt semé d'embûches administratives et financières. « On trouve quelques difficultés. Normalement on avait annoncé le premier panneau pour décembre, mais on a accusé un retard parce que les banques ne jouent pas le jeu. C'est un nouveau produit. Ils ne connaissent pas. C'est un investissement lourd. Le montant va tourner autour de 1,5million d'euros », souligne le PDG d'Edielec qui espère convaincre grâce à sa longue expérience dans le domaine industriel. «On a une expérience de 15 ans dans le domaine. Initialement. On a travaillé en France. Nous avons à notre actif pas mal d'installations. Nous avons aussi un partenaire qui a aussi une longue expérience dans le domaine», note-t-il. Les banques devraient, selon lui, être l'un des acteurs qui contribueront à l'essor de cette activité d'avenir. Transfert de technologie D'autant plus que l'Algérie est déjà en retard par rapport aux autres pays de la sous-région du Maghreb. «C'est un marché porteur, mais on est à la traîne par rapport au Maroc et la Tunisie. L'Algérie doit dès maintenant baliser le terrain pour le développement des énergies renouvelables et les politiques doivent jouer le jeu», estime notre interlocuteur. Il ne suffit pas, selon lui, d'avoir un arsenal juridique. «La loi a été votée, mais l'application sur le terrain laisse à désirer», déplore-t-il. Il est impératif selon lui de former l'administration notamment pour les aspects techniques afin qu'elle accompagne l'émergence des énergies renouvelables. Il voit dans cette activité le salut de la société nationale Sonelgaz qui croule sous le fardeau des créances qu'elle détient sur de nombreux clients mauvais payeurs. «Le gouffre financier est créé par l'éclairage public. Les communes pauvres ne payent pas. Avec l'électricité pas chère et propre, Sonelgaz va au contraire gagner de l'argent. C'est rentable. La rentabilité est flagrante», relève cet homme d'affaires aguerri qui souhaite que son entreprise fasse partie du portefeuille des partenaires de Sonelgaz. Sid Ali Mokhefi voit plus loin que cette usine. Il prévoit la création d'une école de formation. «On s'est dit que ça sera un pôle d'excellence. A partir de là, tout va graviter. Nous serons ainsi un groupe composé de Edielec Engineering, Edielec Media, Edielec services commerciaux. Nous prévoyons plut tard d'aller vers l'environnement », précise le patron d'Edielec. L'entreprise envisage de proposer des solutions adaptées aux agriculteurs. «Nous allons proposer une solution aux agriculteurs de pompage d'eau à travers le solaire. Une solution complète qui permet le contrôle de l'eau. Nous avons vu sur le terrain qu'il y a un engouement. Nous avons fait une étude de marché. Je fais un appel au ministère de l'Agriculture pour prendre en considération de telles solutions qui sont efficaces et intelligentes», affirme à ce propos M. Mokhefi. D'après lui, les énergies renouvelables peuvent être profitables à l'économie nationale. L'Algérie, ajoute-t-il, est en position de force grâce à ses réserves de change et ses moyens financiers. Ainsi, s'agissant du projet Desertec, il considère qu'il serait plus judicieux d'essayer de détenir des participations dans le capital d'entreprises parties prenantes plutôt que d'attendre d'être le réceptacle d'une technologie clé en main. «Je ne pense pas qu'il y aura un transfert de technologie. Les Européens ne sont pas prêts à céder. On peut changer la donne. L'Europe est à genoux, on peux s'approprier n'importe quelle technologie. L'Algérie peut s'imposer en prenant des participations dans de grandes entreprises. Quand on est à l'intérieur de la maison, on a le pouvoir de décision», s'exclame-t-il. «Il faut profiter de cette situation. L'énergie, c'est la guerre de demain», insiste-t-il.