Ni le Coran ni la Sunna ne font référence à la reproduction de l'image du Prophète. Il y a eu de par le passé des miniatures persanes qui ont représenté le visage du Prophète. Les images étaient incontestablement belles. Par la suite - et je pense que c'est une régression - on a préféré remplacer les images par des dessins représentant des symboles », a indiqué Ghaleb Bencheikh, joint hier par téléphone. Ce qui serait attribué au Prophète Mohamed, selon lui, est la prohibition ou la proscription d'une sculpture, statue ou même un dessin. D'après un hadith, le dessinateur ou le sculpteur serait sommé par Allah, le jour du Jugement dernier, d'insuffler une âme dans son œuvre artistique. Il est reproché au propriétaire de cette sculpture d'art de vouloir concurrencer Dieu dans sa Création. De l'avis de M. Bencheikh, cette prohibition a pour but de mettre fin à l'idolâtrie. « Les motivations de cette démarche sont ni plus ni moins de cet ordre. La preuve, à travers l'histoire, même si l'art figuratif n'était pas prépondérant, il y a eu tout de même des représentations humaines, c'est-à-dire d'êtres vivants. Il existe, et nul ne conteste ce fait, des sculptures d'animaux dans les palais des califes et la cour des Lions de l'Alhambra en témoigne », a précisé M. Bencheikh qui a rappelé qu'à travers l'histoire il y a eu de la sculpture et de l'art pictural. Revenant à l'actuelle polémique, M. Bencheikh estime que ce qui est « insupportable et insoutenable » dans les caricatures publiées par le journal danois est le fait d'insinuer que le message du Prophète et le Coran poussent à la violence. « Que signifie une caricature où l'on dessine une bombe sur la tête d'un personnage qui est présenté comme étant le Prophète Mohamed ? Cette caricature veut tout simplement dire que le message du Prophète est violent et que notre religion est basée sur la violence. Cela est inacceptable », a-t-il estimé, tout en se disant attaché à la liberté d'expression. « Nous appelons à une autre notion fondamentale qui est celle du respect. Les caricaturistes et les faiseurs d'opinion doivent tenir compte dans leur travail des considérations éthiques et déontologiques de ce qui fonde les croyances et les convictions des hommes d'une manière générale. Le respect d'autrui est une priorité et un élément incontournable et essentiel », a relevé M. Bencheikh. Il faut, selon lui, doter la liberté d'expression d'un cadre moral et éthique. Pour M. Bencheikh, il incombe aux musulmans, aujourd'hui choqués, de trouver les moyens « démocratiques et civilisés » pour régler cette question. Transférer le problème devant les juridictions compétentes est, à ses yeux, la solution appropriée car « les menaces et l'excitation n'aboutiront à rien ».