Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a minimisé hier la portée de la résolution de l'AIEA samedi transmettant pour information au Conseil de sécurité des Nations unies le dossier nucléaire iranien. « Vous pouvez délivrer autant de résolutions de ce genre que vous voudrez, et vous amuser avec, mais vous ne pouvez pas empêcher le progrès de l'Iran », a dit le président. S'adressant aux Occidentaux, il leur a assuré que « vous savez que vous ne pouvez rien faire, puisque l'époque de l'intimidation est révolue et que vous devez accepter les réalités du monde d'aujourd'hui ». L'Agence internationale de l'énergie atomique a adopté samedi une résolution, rédigée par les Européens et soutenue par les Américains, demandant à l'Iran de suspendre toutes ses activités nucléaires sensibles, et renvoyant son dossier à l'ONU pour information. En représailles, le président a annoncé que l'Iran cessait à compter de dimanche l'application du protocole additionnel du Traité de non-prolifération, qui permet à l'AIEA un contrôle renforcé de son programme nucléaire. « Ils veulent visiter nos sites militaires au nom de l'AIEA pour en savoir plus sur nos capacités de défense, mais nous le leur permettrons pas », a ajouté le président. Par ailleurs, les négociations de l'Iran avec la Russie sur le plan russe d'enrichissement d'uranium iranien en Russie vont se poursuivre, a dit hier le porte-parole de la diplomatie iranienne, Hamid Reza Assefi. Mais il a précisé que la décision de l'AIEA changeait la donne. « Nous faisons face à une nouvelle situation, le deuxième round des négociations (prévu le 16 février, ndlr) aura lieu, mais le plan russe doit être adapté à la nouvelle situation pour qu'on puisse l'examiner », a dit M. Assefi. Le porte-parole a ainsi tempéré quelque peu les propos du chef de la délégation iranienne à Vienne, Javad Vaïdi, qui avait estimé samedi que la proposition russe n'avait peut-être plus de sens après la décision de l'AIEA. « Le gouvernement est contraint à reprendre l'enrichissement à Natanz à une échelle industrielle », avait-il déclaré. « Ainsi, lorsque l'enrichissement reprendra à Natanz, les conditions auront changé et il n'y aura plus de raisons suffisantes d'appliquer le plan russe », avait-il conclu, en jugeant que « dans cette nouvelle situation, on devra voir si, concrètement, le plan russe a encore une signification ou pas ». Pour sa part, un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères avait déclaré qu'« il n'y a aucun doute, notre invitation faite à la partie iranienne d'avoir des consultations le 16 février reste valable ». La Russie a proposé aux Iraniens la création d'une entreprise commune d'enrichissement d'uranium sur le territoire russe. Cette solution, soutenue par les Européens et les Américains, vise à éviter que Téhéran procède à l'enrichissement sur son propre territoire. Mais l'Iran estime être en droit, au minimum, de se livrer à une telle activité à une « petite échelle ».