Le président iranien Ahmadinejad dit ne pas craindre le Conseil de sécurité saisi par l'AIEA sur le dossier iranien. “Vous pouvez délivrer autant de résolutions que vous voudrez et vous amuser avec, mais vous ne pouvez pas empêcher le progrès de l'Iran”, a-t-il réagi au vote du gendarme nucléaire mondial dont la majorité des membres ont voté le texte rédigé par l'UE et soutenu par Washington, après une tentative du groupe des non-alignés d'accompagner la mise en examen de Téhéran par une résolution exigeant la transformation de la région en zone dénucléarisée. Ahmadinejad est resté dans l'offensive bien que la décision de l'AIEA avait été précédée par des menaces ouvertes à Munich (Allemagne) où le secrétaire de la défense de Bush a rallié l'ensemble des membres et partenaires de l'Otan lors d'un forum examinant les défis sécuritaires du moment. S'adressant aux Occidentaux, le président iranien leur a assuré que “vous savez que vous ne pouvez rien faire, puisque l'époque de l'intimidation est révolue et que vous devez accepter les réalités du monde d'aujourd'hui”. L'AIEA, fortement influencée par Washington, a adopté en début de semaine une résolution demandant à l'Iran de suspendre toutes ses activités nucléaires sensibles et renvoyant son dossier à l'ONU pour information. En représailles, Ahmadinejad a annoncé que l'Iran cessait, à compter d'hier, l'application du protocole additionnel du Traité de non-prolifération qui permet à l'AIEA un contrôle renforcé de son programme nucléaire. “Ils veulent visiter nos sites militaires au nom de l'AIEA pour en savoir plus sur nos capacités de défense, mais nous le leur permettrons pas”, a-t-il ajouté avec fermeté. Le Conseil de sécurité devra, cependant, attendre la réunion de l'AIEA, programmée pour le 6 mars. Les Etats-Unis, qui se sont déclarés satisfaits de voir Téhéran dans les griffes du Conseil de sécurité, souhaitent tout de même voir la diplomatie reprendre ses droits dans cette question. Bush, empêtré en Irak et en baisse de popularité dans son propre pays pour ses déconvenues à l'étranger mais surtout pour le prix de l'essence qui a doublé en moins d'une année aux Etats-Unis, pense que les Iraniens se résoudront face aux menaces qu'ils encourent devant le Conseil de sécurité. Washington table sur l'inquiétude des hommes d'affaires iraniens qui feront évacuer leurs capitaux à l'étranger en cas de représailles internationales et la population, déjà préoccupée par le chômage, qui subira automatiquement les conséquences d'un embargo dans sa vie quotidienne. La Bourse iranienne est en chute libre depuis une semaine. Les gros investisseurs attendent de voir la suite. D. Bouatta