La situation dans la wilaya de Béjaïa est telle que le wali a fait appel, dans l'après-midi d'hier, à l'armée. L'ANP devra surtout intervenir du coté de Tamridjt (Laâlam), Tasefsaft (Boulezazen) où beaucoup de véhicules sont immobilisés sur la route, à Kendira où l'on a eu de la peine à évacuer un malade du village d'Ihebachène et sur les hauteurs d'Adekar, précisément sur le tronçon Assif El Hammam-Tizi Ouzou. Hier dans la soirée, les éléments de l'armée étaient sur le terrain. Avant cela, des routes ont été déneigées, mais beaucoup d'autres demeurent fermées à la circulation. Hier, selon le dernier bilan des services des travaux publics, la circulation automobile était impossible sur pratiquement tous les chemins de wilaya. La majorité des routes nationales qui traversent la wilaya connaissent, en divers endroits, des coupures qui ont empêché la circulation des véhicules. Conséquences : la presse n'a pas été distribuée, certains commerces ont épuisé leurs stocks et le gaz butane se fait rare. Les responsables de Naftal disent avoir distribué, depuis le week-end dernier, jusqu'à 23 000 bonbonnes de gaz journellement, contre 15 000 unités en temps normal. Pour faire face à la tension qui s'exerce sur ce produit, Naftal sert, depuis ce week-end, tous les commerçants détenteurs d'une réquisition signée par les présidents d'APC. «Le produit existe, sauf que pour l'acheminer vers les localités concernées nous butons sur l'obstacle des routes fermées», explique le wali. «Nous sommes sans électricité depuis trois jours. Nous n'avons pas de gaz, plus de semoule, les commerces sont fermés. Nous avons atteint la ligne rouge», alerte un villageois de Darguina. Même désarroi à l'intérieur de la wilaya. «Nous n'avons ni électricité, ni gaz, ni mazout. Nous attendons qu'un engin monte pour nous ouvrir la route. Tout est fermé, la neige a atteint un mètre d'épaisseur», se plaint un villageois des hauteurs de Barbacha. Joint par téléphone, le président de l'APC de Barbacha, Mohand Sadek Akrour, en veut aux autorités centrales : «Les deniers publics sont dépensés pour le prestige comme si la priorité n'est pas dans les niveleuses, les chasse-neige… Nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous sommes une commune rurale. Nous n'avons bénéficié ni du plan du Grand-Sud ni de celui des Hauts-Plateaux.» A Feraoun, le gaz arrive jusqu'à la station du premier village, Lota Ouazouz. Un camion de Naftal y a livré hier quelque 270 bonbonnes. Pas suffisant pour une commune de 14 000 habitants. Le président de l'APC, Aghouiles Karim, décrit une population «stressée et inquiète sachant que ces perturbations dureront encore quelques jours». La perturbation n'est pas cependant limitée au gaz, des ruptures dans le réseau d'alimentation d'eau potable sont aussi signalées dans certaines localités, au moment où beaucoup d'autres demeurent dans le noir. Jusqu'à hier, au moins 9000 foyers étaient dans l'obscurité. Aux premières précipitations, ils étaient au moins 20 000 foyers sans électricité. Les familles attendent le retour du courant dans la commune d'Adekar, dont les accès étaient obstrués, hier encore, par la neige. Un poste transformateur a explosé à Saket, d'autres ont cédé ailleurs, des fils conducteurs ont subi des avaries et des poteaux électriques sont tombés en plusieurs points de la wilaya. De son côté, la Protection civile a du intervenir pour secourir les passagers de quelque 70 véhicules immobilisés sur la RN24, du côté de Boulimat, et sauver deux personnes bloquées dans la neige.