L'Association des amis de la Rampe Louni Arezki a organisé, à l'occasion de la célébration du Mawlid Ennabaoui, une rencontre autour du patrimoine immatériel qui a réuni des gens de la culture pour mettre en lumière des pans de notre legs historico-culturel autour des personnalités religieuses et littéraires ayant marqué notre histoire. Après le rite religieux (les qcids) au mausolée Abderrahmane Ethaâlibi où les fidèles ont été nombreux, une qaâda a été tenue à Dar El Menzah, à laquelle ont été conviés, notamment Rédha Bestandji, Ali Haroun, Mourad Betrouni, Noureddine Saoudi, Cheikh Zoubir, destinée à convoquer des bribes de souvenance dans l'ancienne médina, transmettre à la nouvelle génération cet héritage ancestral qui caractérisait l'antique médina d'Ibn Mezghenna, et surtout ressusciter le fonds documentaire qui se fait chiche autour de deux illustres figures, en l'occurrence Mostefa Ben Mohamed El Kebabti et Abdelhalim Ben Smaya. S'il existe quelques archives sur le parcours de l'érudit El Kebabti, fin poète – auteur des célèbres proses Saraqâ El Ghosnoû Qâda Mahboubi oua Ikhtafâ fi el warâq et Men ybat eyra'i Lahbab – et théologien qui défendit crânement les biens wakfs tout en résistant à la politique d'acculturation de la France coloniale qui dut le forcer à l'exil à Alexandrie en 1843, on dispose que de très peu d'enseignements sur la vie et le parcours du théologien Cheikh Abdelhalim Ben Smaya : seuls ses disciples ont mis au parfum, sous forme de tradition orale, la postérité sur son itinéraire fécond qui mérite d'être écrit tant la pénétration d'esprit, la force d'âme et la témérité du personnage furent incomparables. Tirer de l'anonymat cette figure historique et la consigner dans des manuels équivaut, il va sans dire, à restituer une partie de notre mémoire collective, diront des intervenants. Il y a lieu de souligner qu'une brève et passionnante communication a été présentée, à l'occasion, par l'architecte Lâmouri Boulefaâ autour de son ouvrage Alger et d'ailleurs paru aux éditions Dalimen. Un corpus ayant trait à la dimension du bâti traditionnel casbadji en relation avec l'esprit soufi. Cette lecture intéressante à plus d'un titre et qui suscite un large débat est puisée d'une étude de plusieurs années que l'auteur met en évidence, à partir de la structure architecturale et des éléments participant à l'architectonie de la douéra où, dira-t-il, «rien n'est gratuit ni aléatoire dans ce qu'on voit dans le bâti de La Casbah d'Alger dont la pierre, le signe, le volume, la décoration s'inscrivent dans un langage architectural particulier qui obéit à une réflexion bien au-delà de l'aspect économique, technique, esthétique ou sociologique».