La Croix-Rouge cherchait encore hier à évacuer les victimes, dont des journalistes occidentaux, piégées dans Homs assiégée et soumise depuis trois semaines à d'intenses bombardements, au lendemain d'un appel solennel des Amis de la Syrie à cesser les violences. Durant la journée d'hier, les violences ont fait 31 morts, dont 26 civils, au lendemain d'une journée meurtrière avec 53 tués, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les négociations ont repris dans la matinée à Homs (centre) entre la Croix-Rouge internationale (CICR), les diplomates, le régime et les opposants, pour tenter de faire taire les armes le temps d'évacuer des blessés et des dépouilles. Vendredi, le Croissant-Rouge arabe syrien (CRAS) et le CICR ont transporté 7 blessés ainsi que 20 femmes et enfants malades vers l'hôpital Al Amine, à 2 km du quartier rebelle de Baba Amr, principale cible du pilonnage entamé le 4 février sur Homs. Ils n'ont en revanche pas pu sortir les dépouilles de la reporter américaine Marie Colvin et du photographe français Rémi Ochlik, tués mercredi dans un bombardement, ni la journaliste française Edith Bouvier et le photographe britannique Paul Conroy, blessés dans la même attaque. Réunis vendredi à Tunis, la soixantaine de ministres des Affaires étrangères du groupe des Amis de la Syrie, boycotté par Moscou et Pékin, a appelé à l'arrêt immédiat des violences et à de nouvelles sanctions en Syrie, mais a temporisé sur le déploiement d'une force arabe-ONU de maintien de la paix. Et si la Tunisie et le Qatar ont plaidé pour une «force arabe», dans le cadre de la Ligue arabe, la France a estimé qu'elle devrait auparavant obtenir «le feu vert» du Conseil de sécurité de l'ONU. L'opposition non reconnue par «les Amis de la Syrie» Téhéran, absent à Tunis et principal allié régional de Damas, a réaffirmé hier son opposition à toute intervention militaire, assurant ne pas envoyer d'armes ni intervenir militairement en Syrie contrairement à ce qu'affirment les Occidentaux. Les Amis de la Syrie ont par ailleurs reconnu le Conseil national syrien (CNS, opposition) comme «un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique», s'engageant à fournir «un soutien effectif» à l'opposition, tandis que l'Arabie Saoudite approuvait l'idée de l'armer. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a jugé la réunion «totalement satisfaisante», mais la Chine s'est félicitée qu'elle ait surtout permis de «rejeter toute intervention étrangère». «La majorité des pays arabes a commencé à comprendre que les Etats-Unis et l'Europe dissimulent un poignard derrière un sourire, en d'autres mots, tandis qu'ils semblent agir pour des motifs humanitaires, en réalité ils ont des ambitions hégémoniques cachées», a annoncé l'agence officielle Chine nouvelle. Le journal gouvernemental syrien As Saoura a dénoncé une réunion des «comploteurs», que la télévision d'Etat avait, elle, présenté comme une conférence pour le «soutien au terrorisme en Syrie». Malgré les violences ininterrompues, le régime a maintenu le référendum d'aujourd'hui sur une nouvelle Constitution, qui supprime la prééminence du parti Baath, mais maintient de très larges prérogatives au chef de l'Etat. L'opposition a appelé au boycot.