Considéré comme un patrimoine culturel, le serdj est généralement composé de 4 à 5 pièces montées sur un arçon de bois. Les artisans qui fabriquent encore le serdj se comptent sur les doigts d'une seule main. La semaine culturelle de Sidi Bel Abbès, à Constantine, a dévoilé aux habitants du Vieux Rocher le serdj (selle traditionnelle), une icône du patrimoine culturel de la Mekerra. Elément symbolique de ce patrimoine, le serdj reste de nos jours un signe identitaire d'importance dans la patrie du raï. Malheureusement, déplore Mohamed Zouaoui, représentant de la délégation culturelle de cette wilaya, les artisans qui fabriquent encore le serdj se comptent sur les doigts d'une seule main. «La transmission du savoir-faire lié à la confection de cette selle est loin d'être chose aisée, du fait que les jeunes artisans, aujourd'hui à Sidi Bel Abbès comme ailleurs, préfèrent plutôt s'investir (et investir) dans une entreprise plus lucrative, où le travail n'exige pas beaucoup de temps et ne demande qu'un minimum d'efforts», déplore M. Zouaoui, en ajustant une lanière en cuir d'une selle authentique qu'il contemple avec des yeux contemplatifs, comme s'il voulait faire partager son admiration. Pour lui, il incombe au secteur de la culture de «prendre en charge ces biens culturels dans leur intégralité, à travers leur recensement, leur identification, leur protection et leur promotion, car il s'agit d'une partie de notre mémoire». M. Zouaoui ne se fait pas prier pour parler du serdj de Sidi Bel Abbès. Il ne semble attendre, en fait, qu'un signe d'encouragement pour y aller de ses explications : «Il importe d'abord que l'artisan sellier veille à ce que chaque cheval ait un frontal de drap ou de velours avec une grande frange couvrant presque les yeux et recouvrant le cou d'une pièce de drap ornée de couleurs vives.» A Sidi Bel Abbès, comme dans d'autres wilayas limitrophes, le serdj est généralement composé de 4 à 5 pièces montées sur un arçon de bois revêtu d'une peau travaillée, sur laquelle on a fixé une large bande méticuleusement brodée en «medjboud et en fil doré ou argenté, de motifs et de dessins exprimant l'authenticité locale et les valeurs ancestrales accordées au cheval et à son cavalier», souligne de son côté Abdelkader Touzani, maître-artisan sellier. L'ensemble du serdj est recouvert d'une chemise en velours brodée, surmontée d'un pommeau et se distinguant par ses différents éléments artistiquement tressés, et dont on a fidèlement conservé les appellations que les anciens leur ont attribuées, a-t-il fait observer. «Esstara», «lahzam», «erras», «eddir», «ladjbira» (la gibecière), «el khef», «erkabat» (les étriers) et autres «laâdham» et «tarh» sont autant de termes qui illustrent cet esprit de dévouement et expriment la volonté locale de sauvegarder ce composant de l'identité culturelle et de le préserver tel quel aux générations futures, a assuré M. Touzani, qui a monté un atelier pour contribuer, à sa manière, à la perpétuation de cet héritage séculaire.