Le bidonville Ali Sadek 1, dans la commune de Bordj El Kiffan, est l'un des plus menacés. Situé sur les deux bords d'un grand oued «dangereux», une grande partie de cette cité risque d'être emportée par les eaux. Les habitants affirment avoir «vécu l'horreur et vu la mort à plusieurs reprises». Leurs baraques, a-t-on constaté, sont implantées à quelques centimètres d'un cours d'eau dormant et pollué en été, actif et menaçant en hiver. «Il a déjà emporté des habitants», nous dira un jeune citoyen rencontré sur place. «L'hiver dernier, un père de famille a été englouti, son corps sans vie a été repêché après l'intervention de la Protection civile», ajoute-t-il. A chaque pluie, c'est la panique. Certains foyers donnent directement sur l'oued, les enfants risquent gros. «Un simple glissement de terrain est susceptible de précipiter une baraque dans l'eau», s'est plaint un père de famille. Les résidants, ajoute-t-il, sont conscients de la menace qui les guette, mais continuent à y vivre. Ils disent ne pas avoir où aller. «Regardez, il n'y a pas un centimètre de terre du côté de la route pour y construire une baraque. Nous sommes résignés à vivre dans ces conditions en attendant des jours meilleurs», explique un autre résidant. Nos interlocuteurs ont affirmé que le nombre de baraques est important. Certains avancent le chiffre de 5000 logis de fortune. Les premiers ont occupé les lieux depuis les années 1990, et ce n'est que ces dernières années que les flux de nouveaux résidants ont cessé. «Ces derniers temps, les autorités locales interviennent et procèdent à la démolition des nouvelles baraques», raconte-t-on. Les habitants de ce site vulnérable reprochent aux autorités publiques la dégradation de leur «cadre de vie» et la menace permanente qu'ils encourent. «Les responsables savent que nous n'avons pas où aller. S'il n'y avait pas la crise du logement, nous n'aurions jamais accepté de mettre la vie de nos enfants en danger. N'empêche, on ne voit rien venir de leur côté», s'indigne un citoyen.