La crise qui a secoué la filière tomate fraîche à l'origine de l'abandon par les agriculteurs de plus de 25% des surfaces destinées à cette spéculation vient de trouver un début de solution. « Le prix au kilogramme de la tomate fraîche à la livraison usine est fixé à partir du 5 février 2006 à 4,50 DA. Toutes les parties se sont mises d'accord dans la perspective d'une autre réunion au cours de laquelle il sera décidé de la forme de la subvention à la production », a indiqué M. Harzallah, président de la chambre d'agriculture de Annaba. Outre les présidents de chambre et les DSA, la majorité des conserveurs a assisté à cette réunion présidée par le secrétaire général du ministère de l'Agriculture à Alger. Pour les agriculteurs, ce dernier rendez-vous prévu pour la fin du mois de février 2006 est important. Bon nombre ont estimé nécessaire l'octroi de cette subvention sous la forme directe pour amener le prix au kilo à 7 DA tel qu'il était avant 2003. D'autres ont proposé une subvention à partir de l'itinéraire technique de la production et la mise à niveau des agriculteurs. Conscients de l'importance des décisions auxquelles ils participent, les transformateurs ont estimé nécessaire, sous une forme ou une autre, l'octroi de la subvention comme cela se fait dans d'autres pays. Cette information sur le prix au kilo applicable à compter de la campagne 2005-2006 et sur l'éventualité de l'octroi d'une subvention est différemment interprétée par les 23 transformateurs implantés à travers le pays dont 17 entre les wilayas d'El Tarf, Guelma, Skikda et Annaba. Depuis 2004, une dizaine a déclaré faillite. S'il n'est pas soumis à des tracasseries judiciaires pour non-paiement des agriculteurs, le reste est confronté à des créanciers impatients et à des visites quotidiennes d'huissiers pour la saisie des biens. Les plus résistants font face à la concurrence déloyale imposée par l'importation licite et illicite du concentré de tomate de Tunisie, de Chine et des Emirats arabes unis. Conséquence, plus de 70% de la production nationale de concentré de tomate (CT) de l'année écoulée sont invendus. Cette quantité s'ajoute à celle importante encore en stock de la campagne 2004. Les 57 t de CT illicitement importées de Tunisie et saisies par la direction du commerce de la wilaya de Annaba ont attisé la nervosité de tous. Traçabilité douteuse L'auteur de cette importation serait titulaire de 2 registres du commerce, l'un établi à El Tarf, le second à Annaba pour la même activité d'importation. Il ferait l'objet de plusieurs procédures judiciaires. C'est en tous les cas ce qu'affirme M. Hachichi, directeur du commerce à Annaba : « Nos services ont effectivement saisi plus de 57 t de CT importées de Tunisie. L'importateur fait déjà l'objet de poursuites judiciaires pour différentes affaires. Bien que n'ayant pas les moyens de transformation, il a bénéficié de deux registres du commerce. Cette situation a été dénoncée par le Centre national du registre du commerce. C'est avec celui radié que cet opérateur a réussi à tromper les préposés au contrôle aux frontières. » Ce dossier de deux faux registres du commerce n'est pas près d'être bouclé tout autant que celui des trois coopératives agricoles chacune propriétaire d'une unité de conserverie à Annaba, Bouteldja et Ben M'hidi. Il resurgit au niveau des tribunaux de Annaba et d'El Tarf où toutes les parties concernées dont les présidents et membres anciens et nouveaux de comité de gérance auront à répondre d'anomalies de gestion. Toutes ces affaires ont mis en ébullition l'ensemble des acteurs de la filière de la tomate fraîche et du CT. La situation est aggravée par un marché national inondé de CT importé et de douteuse traçabilité. Ce que prouve l'étiquetage non conforme, car impossible à déchiffrer et imprimé sur l'emballage et un code à barres dont l'authenticité reste à vérifier. Autre anomalie, le produit importé est commercialisé sans facture du fournisseur et encore moins celle du grossiste. « Ce n'est pas une concurrence déloyale à laquelle nous sommes confrontés. C'est à une action de sabotage de l'économie nationale. Malgré leur tentative de la céder à perte, les nationaux n'arrivent pas à écouler leur production. Plusieurs conserveurs n'ont pas réussi à écouler la moitié de leur production annuelle. Beaucoup ont fermé leur usine. Je m'étonne que l'on ne se soit pas aperçu que le code à barres sur l'emballage du CT importé est faux. De même que sa composition qui reste réellement à prouver », s'est interrogé Abdelkrim B., un des cadres gestionnaires, au chômage après la fermeture pour faillite de l'unité de transformation où il activait depuis des décennies.