La filière de la tomate industrielle a connu cette année une baisse sensible dans la production. Une production qui a chuté de 50% par rapport à l'année dernière, selon les services de la production agricole. La majorité des unités de transformation de tomate fraîche en particulier à l'est du pays , notamment celles relevant du groupe ENAJUC, ont dû arrêter la production de la tomate industrielle pour rupture de stocks en matière première, c'est-à-dire en tomate fraîche. La crise s'étend aux unités privées qui sont, elles aussi, en rupture de stocks en matière de tomates fraîches. C'est le cas de l'usine Benamor sise dans la wilaya de Guelma. Ne tournant qu'à 20% de ses capacités , l'unité Benamor de Guelma risque de subir le même sort, car subissant un manque en tomate fraîche à la production. Autant dire que la sonnette d'alarme est tirée. Il s'agit bel et bien d'une crise qui frappe le secteur de la transformation de la tomate industrielle. Il y a péril en la demeure. Pourquoi donc une telle situation, d'autant plus qu'il a été annoncé une hausse de la production de tomates fraîches ? C'est assez paradoxal tout de même ! Selon les explications des services du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, les agriculteurs ont préféré écouler leur production sur le marché des fruits et légumes au lieu de la vendre aux transformateurs. Selon les mêmes services, la mise en place d'une stratégie de développement de la filière de la tomate industrielle est venue en retard, juste avant le début de la saison. “On s'attendait à cette baisse. C'est l'aboutissement de tous les problèmes rencontrés les deux dernières années et qui n'ont été solutionnés qu'en 2006. L'accord cadre signé entre les présidents des Chambres d'agriculture des wilayas de Annaba, Guelma, El Tarf et Skikda, des représentants d'associations des cultures industrielles et des producteurs est venu tardivement, ” a souligné un représentant du ministère de l'Agriculture avant d'ajouter : “Pour la prochaine campagne, il y aura sûrement amélioration.”.Au sujet de l'accord-cadre, il y a lieu de rappeler qu'il porte sur l'organisation de cette branche et vise la mise en place d'une stratégie de développement de la filière de la tomate industrielle intégrée dans une vision économique et sociale globale. Cette stratégie, qui repose sur des mécanismes de régulation et de fonctionnement nécessaires à l'atteinte des objectifs fixés, avait prévu la production de quelque 300 000 tonnes de tomate fraîche en 2006 au niveau des régions de Annaba, Skikda, Guelma et El Tarf, sur une production prévisionnelle de l'ordre de 420 000 tonnes à l'échelle nationale, soit plus de 75% de la production nationale. L'objectif a, certes, été atteint, puisque la production de la tomate fraîche a augmenté, mais en parallèle, c'est le contraire qui s'est produit pour la tomate industrielle. Le message n'est pas bien passé chez les agriculteurs dont la crainte de voir le scénario de l'été 2005 se reproduire a refait surface cet été. Pour rappel, dans l'accord-cadre conclu entre les parties concernées, le prix au kilogramme de la tomate fraîche à la livraison est fixé à 4,5 dinars pour la saison 2005-2006. Sur ces 4,5 dinars devaient se greffer deux primes, l'une incitative à la production, de l'ordre de 2,5 dinars, et l'autre de 1 dinar au profit des conserveurs par kilogramme. Et ce, dans le but de réguler le marché de la tomate fraîche destinée à la transformation durant la période de collecte et de livraison s'étalant de juin à juillet. Finalement, les résultats sont là aujourd'hui. Ils montrent que l'hémorragie se poursuit dans cette filière de l'industrie nationale qui tarde à connaître une organisation fiable. La situation a d'ailleurs poussé certains opérateurs économiques à mettre la clé sous le paillasson et d'autres industriels à opter pour l'importation du triple concentré de tomate.