Maître de conférences et directeur adjoint chargé de la Formation continue et des relations extérieures à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information, le Dr Abdesselam Benzaoui vient de publier un essai intitulé Les enjeux de la communication : la transnationalisation de l'audiovisuel en Méditérranée. La transnationalisation des moyens de communication détermine, aujourd'hui, le cours de l'histoire et façonne, à des titres divers, le destin de tous les peuples. Les mutations de l'audiovisuel témoignent de la prépondérance prise par les réseaux et industries de la culture, dans la reconfiguration des stratégies de puissance, d'où la pertinence du regard géopolitique. Tous ces bouleversements n'ont eu de cesse de se jouer du sens des tensions entre l'espace clos du national et les vecteurs transfrontaliers entre la philosophie du service public et le pragmatisme du libre jeu de la concurrence, entre la culture d'entreprise portée par la globalisation et l'habitus national. La transnationalisation des médias audiovisuels en Méditerranée, espace géopolitique et stratégique, s'intègre dans ce vaste champ opératoire, par la multitude d'acteurs qu'elle met en interaction et par la diversité des paradigmes qui peuvent rendre compte et éclairer les enjeux multiples qu'elle produit. L'apport des relations internationales introduit l'audiovisuel dans la problématique du politique et des rapports de pouvoir et d'influence. La notion de communication globale devient plus pertinente. Elle s'inscrit dans une approche pluridisciplinaire seule à même de rendre compte de la complexité de ce nouvel environnement technologique. La recomposition de l'espace médiatique méditerranéen, peu après la guerre du Golfe, transforme la perception classique sur l'échange inégal des flux de communication. L'ancienne dualité Nord/Sud s'avère anachronique. Une multitude de nouveaux acteurs : télévisions hertziennes ou satellitaires, nationales, panarabes et occidentales, publiques ou privés se disputent l'audience. Les nouveaux vecteurs de la globalisation sont occidentaux, mais aussi arabes. Le lancement du partenariat euro-méditerranéen, signé dans le contexte des lendemains de la guerre du Golfe et de la relance du processus de paix au Proche-Orient avec les accords d'Oslo, se voulait une approche globale, économique mais aussi politique, sociale, culturelle et humaine d'une nouvelle coopération entre les deux rives de la Méditerranée. Le Maghreb n'y est pas individualisé, mais l'histoire comme la géographie en font un partenaire préférentiel.